L’Arizona veut introduire l’homicide routier dans le code pénal : “Il faut aller plus loin”
Heroes for Zero plaide, notamment, pour la mise en place du permis à points.
C’est une première victoire pour l’ASBL Heroes for Zero, ainsi que pour les parents de Romane, tuée par un chauffard alcoolisé en septembre 2023 : l’accord du nouveau gouvernement prévoit l’introduction de l’infraction d’homicide routier. “Nous introduirons l’infraction d’homicide routier, permettant de rappeler à la fois la gravité du comportement adopté sur la route et l’importance des conséquences de celui-ci. Nous veillerons à ce qu’elle soit strictement sanctionnée“, précise l’accord.
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À l’heure actuelle, un conducteur sous influence qui tue une autre personne ne peut être jugé que pour un homicide involontaire. S’agissant d’un “délit”, celui-ci n’est que faiblement punissable. “Nous n’étions pas d’accord avec le principe d’accident de roulage, car c’est considéré comme un délit et non un crime“, indique Rinaldo Pontello, le père de Romane. “Actuellement, les personnes comparaissent libres et ressortent libres, alors qu’elles ont tué quelqu’un.”
“Il est inconcevable qu’une personne puisse prendre la route en étant ivre, tuer quelqu’un et qu’elle soit jugée pour un homicide involontaire“, soutient Sophie Feyder de Heroes for Zero.
Rinaldo Pontello et Nathalie Motte, la mère de Romane, ont plaidé pour l’introduction de l’homicide routier. “Cela permettra de relever le niveau des peines“, indique Rinaldo Pontello. “Cela sera considéré comme un meurtre, et donc comme un crime.”
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La notion d’homicide routier avait déjà fait son chemin dans le monde politique. Vanessa Matz, nouvelle ministre des Entreprises publiques, avait déposé un projet de loi lors de la précédente législature pour changer le code pénal. Cependant, cela n’avait pas été voté. “Nous sommes agréablement surpris de voir Vanessa Matz dans le nouveau gouvernement“, indique Bertrand Heymans, co-président de Heroes for Zero. Un sentiment partagé par Rinaldo Pontello : “Vanessa Matz était la seule à introduire cette notion dans son programme.”
Une volonté de s’impliquer
Si le père de Romane et l’ASBL Heroes for Zero se disent tous ravis de voir l’introduction inscrite dans l’accord de gouvernement, ils attendent tout de même de voir comment cela sera mis en pratique. Harold Habousha, qui suit ce dossier pour l’ASBL, précise vouloir entrer en contact avec Jean-Luc Crucke, nouveau ministre fédéral de la Mobilité. “Nous voulons être impliqués dans la mise en œuvre“, indique-t-il. “Nous ne savons pas encore comment les juges appliqueront cette notion, il faudra sûrement donner des cas précis, notamment en fonction du taux d’alcool dans le sang.”
Rinaldo Pontello confirme : “Une fois la notion inscrite dans le code pénal, ce sera à l’appréciation du juge d’estimer s’il s’agit d’un accident de roulage ou si on entre dans le cadre de l’homicide routier“.
“Il y a encore du travail quant à cette notion, mais elle devrait permettre aux familles de faire le deuil“, poursuit Harold Habousha.
Le permis à points pour lutter contre les récidivistes
Pour Heroes for Zero, l’introduction de l’homicide routier est “une bonne chose, mais nous aurions préféré l’instauration du permis à points“, précise Sophie Feyder. Selon elle, le permis à points permettrait d’identifier plus facilement les récidivistes, qui risquent plus souvent de tuer quelqu’un sur la route. Bertrand Heymans, co-président, précise que le gouvernement fait un focus sur les récidivistes dans son accord, malgré l’absence du permis à points.
“C’est une bonne première mesure, mais on doit aller plus loin“, confirme Rinaldo Pontello. “Il y a 500 morts par an sur les routes. En 2025, le compte à rebours est déjà lancé.”
“Toutes les deux heures, un accident de la route qui implique une personne sous influence a lieu. Cela veut dire que vous allez au cinéma ou voir un match de foot, et vous ne savez pas si vous allez rentrer chez vous ou en ambulance“, poursuit-il. “Est-ce qu’il faut attendre les 5.000 morts par an pour que cela change ?”
Emilie Vanhemelen – Photos : Belga
■ Interview de Bertrand Heymans, président de Heroes For Zero
■ Interview de Rinaldo Pontello