La Vivaldi grippée : l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce vendredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito le gouvernement Vivaldi et ses prises non-décisions.

La coalition Vivaldi est-elle encore capable d’aller de l’avant ? Le gouvernement d’Alexander de Croo a-t-il encore suffisamment d’élan pour surmonter les obstacles qui se dressent sur sa route ?

Ce vendredi, c’est la question qu’on est bien forcé de se poser en observant le 16 rue de la loi. Deux décisions majeures, annoncées comme capitales par le Premier ministre, lui-même, étaient attendues aujourd’hui. La première, en Conseil des ministres restreint, devait soulager les ménages face à l’augmentation du prix de l’énergie. La seconde, débattue en Comité de concertation, devait permettre de lancer un baromètre du covid-19, pour offrir plus de lisibilité et plus de cohérence dans la politique sanitaire.

Sur le premier chapitre, l’énergie, il n’y a pas eu d’accord. Il faut encore affiner les calculs. Les différents scénarios sur la table, la baisse de la TVA, son remplacement par un cliquet, un chèque sous forme de rabais directement sur la facture, sont toujours en discussion. Sur le second volet, il a fallu constater que le fédéral et les gouvernements régionaux n’étaient pas sur la même longueur d’onde.

Ces retards, ces reports, ces conciliations, qui n’en finissent plus, donnent l’impression que le gouvernement De Croo s’enlise peu à peu dans une culture de la non-décision. Le baromètre Covid, prix de l’énergie, mais aussi le pass vaccinal, la sortie du nucléaire, la réforme des pensions, c’est un peu toujours la même histoire qui se répète.  Avec des partenaires qui étalent leurs divisions et se refusent à trancher dans le vif. Alors que reste-t-il dans le réservoir du 16 rue de loi ? Un Jerrycan de secours pour tenir tant bien que mal jusqu’en 2024 ou un adjuvant qui serait enfin capable de dégripper le moteur ?

Bien sûr, on peut critiquer le Premier ministre et sa méthode. Estimer que le style est brouillon, les décisions insuffisamment préparées. L’explication est un peu courte. La vérité est qu’on a un côté néerlandophone, des partis flamands, qui pèsent peu, mais auraient eux tout intérêt à avancer. Démontrer qu’ils gouvernent, est vital, s’ils ne veulent pas laisser un boulevard à la N-Va et au Vlaams Belang. Coté francophone le paysage est légèrement différent. PS et MR sont des formations qui dominent leur communauté pas des partis challenger qui ont tout à prouver. Ensuite parce que, pour le PS, il s’agit d’infléchir la politique fédérale vers la gauche pour démontrer aux électeurs tentés par le PTB que les socialistes obtiennent des résultats. Alors que du côté du MR, c’est exactement la stratégie inverse, tirer sur la droite, afin de mettre le PS le plus en difficulté possible. Cette concurrence électorale anticipée paralyse l’attelage. Quand le premier objectif est de faire obstruction aux projets du partenaire, de jouer sa propre partition, de tuer le jeu collectif, il n’en ressort que du sur place et de la cacophonie. Il s’agit de constater que Vivladi, a composé de nombreuses sonates et concerto, mais il n’a jamais écrit de Requiem.

■ Un édito de Fabrice Grosfilley

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21 janvier 2022 - 19h15
Modifié le 21 janvier 2022 - 19h15