La moitié des étudiants souffre d’anxiété ou de dépression
Une nouvelle étude menée par l’UCLouvain, l’ULB et l’ULiège a permis d’interroger 25.000 étudiants sur leur santé mentale, leur vision de l’avenir, le respect des mesures sanitaires et les difficultés qu’ils rencontrent. Une manière d’objectiver leur ressenti pour tenter d’avoir une politique plus attentive à leurs conditions de vie.
Les résultats sont assez inquiétants. 50% des étudiants sont anxieux et 55% ont des troubles dépressifs. L’isolement, le manque de relations sociales sont les facteurs les plus difficiles à gérer pour eux. Ils expriment beaucoup de colère et souffrent aussi de troubles du sommeil ou encore de l’appétit.
Contrairement aux idées reçues, les jeunes respectent les mesures sanitaires. “Leur motivation est identique à celle du reste de la population, explique Olivier Luminet, professeur en psychologie de la santé à l’UCLouvain. Deux tiers portent le masque à l’intérieur, 83% travaillent chez eux, 65% évitent les grands rassemblements. Par contre, ils ont plus de difficultés à respecter la bulle de un à l’intérieur ou de ne pas inviter des amis proches.”
1 jeune sur 10 ne peut plus subvenir à ses besoins essentiels
Une autre partie de l’étude portait sur les difficultés rencontrées par les étudiants du supérieur. La moitié dit avoir des difficultés financières et 10% ne peut plus subvenir à ses besoins essentiels. Ils se tournent alors vers les CPAS ou les banques alimentaires. Ils sont aussi très fatigués physiquement et moralement à cause des cours à distance, gèrent mal le stress et 80% ressentent un manque de motivation qui entraîne un sentiment de décrochage dans leurs études.
Le manque de perspectives a un impact très important. Le retour en arrière annoncé dans le présentiel sera aussi très complexe à gérer psychologiquement pour eux. “Le retour en arrière est toujours un moment très délicat en psychologie, précise Olivier Luminet. Les jeunes demandent une aide psychologique. 15% ont déjà consulté et d’autres souhaiteraient le faire mais vu l’état de leurs finances, il serait bon de proposer des consultations gratuites après une première évaluation en ligne. C’est une manière de les aider.”
■ Interview d’Olivier Luminet, professeur en psychologie de la santé par Vanessa Lhuillier