La Loterie Nationale clarifie son rôle dans la révélation de l’affaire Didier Reynders
Le Conseil d’administration de la Loterie Nationale s’est penché sur les remous suscités par la parution dans la presse la semaine dernière d’informations sur les soupçons pesant sur l’ancien Commissaire européen Didier Reynders (MR). Celui-ci est soupçonné par la justice d’avoir abusé des systèmes de jeu de la Loterie à des fins de blanchiment d’argent.
La Loterie estime devoir “rétablir certains faits face aux informations erronées publiées” et, dans un communiqué mardi, tient notamment à préciser que “les comportements détectés respectaient tous les plafonds fixés par la Loterie (notamment la limite maximale de dépôt, l’utilisation fréquente de e-tickets pour de gros montants ou encore le montant des gains que les joueurs transfèrent de leur compte de joueur vers leur compte bancaire), lesquels sont parmi les plus bas du secteur. C’est la combinaison répétée de ces limites sur une longue période qui a éveillé les soupçons”. Ensuite, l’entreprise affirme que “le cas en question est totalement exceptionnel : aucun autre joueur n’a jamais cumulé de manière similaire plusieurs plafonds de limites de jeu. Il s’agit de deux comptes joueurs sur un total de deux millions comptes ouverts auprès de la Loterie Nationale”.
► Lire aussi | Didier Reynders conteste la qualification pénale de blanchiment et réfute tout lien avec ses mandats politiques
Dans la note explicative présentée au CA et jointe au communiqué, on peut lire que la Loterie a “pleinement coopéré à l’enquête dans les mois qui ont suivi” la déclaration auprès du parquet fédéral en 2022. “Entre-temps, la Loterie Nationale ne pouvait pas prendre de mesures qui pourraient entraver ou rendre impossible une enquête judiciaire, comme bloquer des transactions, mettre fin à la vente des e-tickets via les points de vente ou fermer des comptes joueurs”, est-il encore précisé. On apprend aussi que la Loterie n’était pas soumise à l’obligation de faire un signalement à la Cellule de Traitement des Informations Financières (CTIF) en raison d’une d’une analyse de risque approfondie qui a conclu que les jeux de la Loterie présentent un faible risque en matière de blanchiment d’argent”. “Un grand nombre de participants jouent pour des mises relativement modestes. Cela rend toute activité avec des intentions moins honorables très intensive en main-d’œuvre et demande un temps et une énergie disproportionnés”, détaille la note.
► Relire | Didier Reynders suspecté de blanchiment par le biais d’achat de billets de loterie
“De plus, le paiement aux joueurs est en moyenne de seulement 60% (…) En d’autres termes, pour quelqu’un ayant des intentions de blanchiment d’argent, c’est dans presque toutes les circonstances une opération avec un effort élevé pour un rendement faible”, insiste-t-elle. La Loterie a néanmoins fait une déclaration auprès du parquet fédéral, dans le cas médiatisé la semaine passée. Dans sa note, le CA s’insurge aussi contre l’affirmation selon laquelle il serait possible de transférer l’argent déposé sur un compte joueur de la Loterie vers un compte bancaire. L’entreprise assure que “non, car le solde total comprend de l’argent ‘gagné’ et de l’argent ‘déposé’ sur le compte de jeu. Seul l’argent ‘gagné’ peut être transféré”.
Belga
■ Explications d’Anaïs Corbin