La galerie Bortier dévoile son nouveau visage : de la bonne bouffe et un zeste de culture

Plusieurs commerces de bouche vont rejoindre à l’automne les bouquinistes qui font la renommée de la galerie Bortier, située à deux pas de la gare Centrale à Bruxelles. L’idée est de faire coexister la culture avec des établissements proposant une nourriture “très qualitative”, a expliqué le promoteur Thierry Goor.

Édifiée au milieu du 19e siècle à partir d’un plan de Jean-Pierre Cluysenaar, la galerie Bortier était une voie commerçante reliant le marché couvert de la Madeleine aux rue Saint-Jean et de la Madeleine. Elle se caractérise notamment par un travail de la fonte et du verre, assez rare à l’époque. Le marché couvert ferme ses portes en 1957, et la galerie sera désormais prisée des collectionneurs, numismates et philatélistes dans un premier temps, avant que les lieux ne deviennent une référence pour le livre d’occasion.

Hormis les quelques bouquinistes présents, l’activité était bien calme ces dernières années et Thierry Goor a souhaité revaloriser ce patrimoine quelque peu sous-exploité. “Notre projet est de marier des concepts différents comme le livre et la gastronomie et d’attirer aussi bien les touristes étrangers que les Bruxellois qui sont peu nombreux à connaître l’endroit”, souligne le promoteur. La configuration ne sera pas chamboulée. S’agissant d’un bâtiment classé, “nous garderons la galerie dans son jus”, ajoute Thierry Goor.

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Un jus salé-sucré puisqu’un charcutier, un fromager, un traiteur méditerranéen, un comptoir à épices et une épicerie italienne vont ouvrir leurs portes début novembre. Et comme pour consacrer le mariage littérature et gastronomie, un café littéraire accueillera notamment des lectures et des expositions. Le bourgmestre de Bruxelles soutient le projet. Saluant le succès des reconversions déjà entreprises par Thierry Goor, comme les deux halles gourmandes Wolf à Bruxelles et Fox à Watermael-Boitsfort, Philippe Close (PS) apprécie la redynamisation du site. “Le concept de galerie est important. Une ville est un lieu de passages et doit être décloisonnée”, insiste-t-il. La présence d’un bar qui débitera des bières artisanales bruxelloises est également un atout, selon lui. “L’urgence pour ces brasseurs, c’est la distribution. Aujourd’hui, ils sont contents de trouver un endroit à eux.”

Certains libraires ont plié bagages à l’annonce de la venue de métiers de bouche. Trois sont restés et se demandent ce que les nouvelles adresses vont drainer comme foule. “Le livre d’occasion attire un public très large. Nous proposons des ouvrages d’exception, mais nous accueillons aussi des gens qui recherchent un ancien Jules Verne par exemple”, commente Nicolas Van Cutsem. Lui et son collègue Pierre Coumans constatent, dans le nouveau concept, un fort déséquilibre entre la culture et l’alimentaire. “Un disquaire aurait été le bienvenu”, affirment-ils.

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Conscient qu’il est devenu “compliqué de vivre du livre” aujourd’hui, Thierry Goor assure vouloir travailler avec les bouquinistes qui seront mis en valeur. De l’avis de Pierre Coumans, le livre d’occasion n’échappe pas à la morosité littéraire ambiante. “Les centres d’intérêt des gens ont changé. Le livre est dépassé par les médias virtuels”, explique celui qui s’est installé dans la galerie en 2007. Lui aussi a un patrimoine à préserver, celui du livre, et il s’empresse de souligner que le libraire ne travaille pas seul. “Je fais appel à des graphistes, des enlumineurs, des restaurateurs… C’est toute une petite machine qui se met en branle s’il faut faire revivre un ouvrage du 17e siècle par exemple.”

Belga

■Reportage de Maël Arnoldussen, Frédéric De Heneau