La création d’une section de défense sociale à la prison de Haren inquiète l’OIP
La section belge de l’Observatoire international des prisons (OIP) et plusieurs associations travaillant dans le secteur des soins et de la prison ont exprimé, mardi, leurs inquiétudes concernant le projet de création d’une section de défense sociale à la prison de Haren.
“Par une lettre collective du 24 décembre 2024 émanant de son administration pénitentiaire, le ministre de la Justice a annoncé que la prison de Haren comptera désormais, en sus de l’annexe psychiatrique déjà existante, une section de défense sociale comportant 10 places”, rapporte l’OIP Belgique.
L’organisation rappelle que la Cour européenne des droits de l’Homme interdit le placement à long terme de personnes internées dans des infrastructures carcérales, estimant qu’elles ne sont pas adaptées aux besoins des personnes souffrant de troubles psychiatriques. Elle précise aussi que la loi belge interdit le placement dans une annexe psychiatrique d’un établissement pénitentiaire. “Les annexes des prisons ne sont destinées à accueillir que les détenus en détention préventive ou en attente de leur premier passage devant la chambre de protection sociale, pour une durée la plus courte possible, ainsi que les détenus ‘ordinaires’ nécessitant des soins psychiatriques”, explique l’OIP. Cependant, faute de places adaptées, “les détenus internés passent souvent plusieurs années dans les annexes psychiatriques”, déplore l’organisation.
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Selon cette dernière, l’ouverture d’une section de défense sociale à Haren en plus de l’annexe psychiatrique pose un double problème. “D’une part, la section de défense sociale reste au cœur d’une infrastructure carcérale”, indique-t-elle. “D’autre part, l’ajout d’une section de défense sociale à côté d’une annexe psychiatrique risque de se limiter à un changement d’appellation, et n’a pour but que d’éviter les condamnations judiciaires.”
Si la section de défense sociale de la prison de Haren n’est pas encore mise en place, l’OIP s’inquiète de la possibilité de réellement créer une telle section au sein d’un établissement carcéral avec un accompagnement psychiatrique accru, “et ce d’autant plus que l’actuelle annexe psychiatrique à Haren souffre déjà d’un manque de personnel criant”.
L’association et ses partenaires demandent aux autorités belges de cesser l’incarcération des personnes internées dans des annexes psychiatriques ou des sections de défense sociale créées en prison, et de garantir leur prise en charge dans des établissements adaptés et respectueux des droits humains.
Belga