La Belgique affiche l’un des plus haut taux de suicides en prison d’Europe
La Belgique fait face à un manque structurel de soins psychiatriques pour les personnes détenues, s’alarment mardi le Conseil central de surveillance pénitentiaire (CCSP) et l’Institut fédéral pour la protection et la promotion des droits humains (IFDH).
Selon les derniers chiffres du Conseil de l’Europe, la Belgique affichait en 2023 un taux de suicides en prison de 11,6 pour 10.000 détenus, soit plus de 25% au-dessus de la médiane européenne de 7,3.
Les deux organisations ont identifié plusieurs problèmes, à commencer par le manque structurel de soins aux personnes détenues.
“Malgré certains progrès (recrutement de psychologues, inclusion des détenus dans l’assurance maladie), la présence de psychiatres reste largement insuffisante dans de nombreux établissements”, déplorent le CCSP et l’IFDH.
Selon l’OMS, la Belgique dispose de 0,2 psychiatre pour 1 000 personnes incarcérées, contre une moyenne européenne de 1,3 (chiffres de 2020).
Le personnel pénitentiaire manque également de formation pratique sur la prévention du suicide et le respect des droits humains, ce qui peut entraîner des réactions parfois inadaptées face à des personnes en détresse, ajoutent le CCSP et l’IFDH.
Ces derniers dénoncent aussi l’usage persistant de « mesures de contrainte portant atteinte à la dignité » ou « disproportionnées », comme l’utilisation excessive des menottes et le recours à des cellules nues (un isolement dans une pièce vidée de tout mobilier) en cas de crise psychique.
Le CCSP et l’IFDH notent aussi le manque d’effet des procédures de recours internes, les plaintes pour mauvais traitements n’aboutissant que rarement à des enquêtes et des sanctions.
Les deux organisations recommandent donc notamment de systématiser la présence de psychiatres dans chaque établissement pénitentiaire, d’abandonner l’utilisation des cellules nues et d’organiser des formations sur les droits humains et la prévention du suicide pour le personnel pénitentiaire.
Le CCSP et l’IFDH ont adressé une communication à ce sujet au Comité des ministres du Conseil de l’Europe.
L’État belge a salué leur travail et s’est engagé à présenter, d’ici la fin de l’année, un plan d’action qui prendra en compte ces remarques et suggestions.
Belga





