Jamal, victime d’une agression homophobe dans la station de métro Beekkant : “J’ai peur de sortir seul.e”
Ce vendredi, vers 21h, Jamal, une personne non-binaire d’une trentaine d’années, a été victime d’une violente agression homophobe et transphobe dans la station de métro Beekkant. Iel a tenu à témoigner pour contribuer “à une prise de conscience urgente des violences subies par les personnes LGBTQIA+“.
C’était une soirée qui se voulait festive, mais qui a viré au cauchemar. Alors qu’il s’apprêtait à rejoindre des amis à une soirée LGBTQ+ dans le centre de Bruxelles, Jamal a été harcelé.e puis violemment agressé.e dans la station de métro Beekkant.
“En changeant de quai, trois hommes m’ont suivi. L’un d’eux m’a insulté·e : ‘Sale p**é’, ‘Je te casse la figure’. Je ne réagis pas et tente de partir“, raconte-t-iel. “Ils me suivent jusqu’au quai du métro 6. L’un se colle à moi, répète les insultes et critique ma façon d’être habillé·e. Sentant le danger, je fais semblant de chercher quelque chose dans mon sac. Il appelle alors ses complices, pensant que j’avais un spray. Quand le métro arrive, je tente d’y monter. L’un me donne un coup de pied dans le dos. Le métro reste bloqué, les trois hommes me frappent violemment : poings, pieds, bousculades, crachats, et surtout des coups au visage avec un casque de moto. Je saigne abondamment. Personne n’intervient sauf un homme qui tente de me protéger.”
De nombreuses séquelles physiques et psychologiques
L’agression a duré près de cinq minutes. Résultat : quatre points de suture au front, une dent fissurée, des douleurs au dos et à la tête ainsi que des symptômes neurologiques, dont une dyslexie temporaire. Sur le plan psychologique, Jamal dit souffrir de crises de panique et de troubles du sommeil. “Dorénavant, j’ai peur de sortir seul.e“, confie-t-iel.
Suite à son agression, Jamal sollicite aujourd’hui un engagement public pour renforcer la sécurité des personnes LGBTQIA+ ainsi que le renforcement de la sécurité dans les stations de métro bruxelloises.
Le problème est que les agents de sécurité eux-mêmes n’osent plus intervenir dans cette station. Dans les colonnes de Sudinfo, certains déclarent sous couvert d’anonymat être la cible de “bandes de jeunes ultra-violents qui ont pris possession de la station [Beekkant] et de ses abords“.
Les agressions persistent
La RainbowHouse Brussels, fédération LGBTQIA+, et l’association Ex-Aequo ont réagi par voie de communiqué. Elles constatent “que les situations d’harcèlement, d’intimidation, de violences verbales, psychologiques et physiques dans l’espace public persistent“. Selon elles, les circonstances et insultes rapportés par Jamal indiquent clairement le caractère homophobe et transphobe de l’agression, délit punissable par la loi belge.
En 2024, sur les 73 signalements de harcèlement, discrimination ou violences à caractère LGBTQIA+ phobe faits auprès de la RainbowHouse Brussels, un sur trois ont été déposés par une personne non-binaire. Par ailleurs, un tiers des faits a lieu dans l’espace public. Et concernant le profil des auteurs, les chiffres indiquent qu’il s’agit de groupes d’hommes pour une agression sur trois également.
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Les associations demandent que la STIB renforce ses mesures de sécurité et collabore davantage avec les associations LGBTQIA+ pour lutter ensemble contre toutes formes de violences. Elles appellent aussi à intensifier les campagnes d’information des cellules pluridisciplinaires de police EVA (Emergency Victime Assistance) en Région bruxelloise. “Nous souhaitons également attirer l’attention sur le fait que certaines violences homophobes, lesbophobes, transphobes et interphobes, comme les crachats, les insultes ne sont plus suivies et poursuivies par le parquet de Bruxelles. Ce qui crée pour les personnes concernées un sentiment d’injustice et de refus à porter plainte“, concluent-elles.
► La fédération RainbowHouse Brussels rappelle qu’elle se tient aux côtés des personnes concernées par les violences, ponctuelles ou récurrentes, en Région bruxelloise et que toute agression, discrimination, violence à caractère LGBTQIA+ phobe peut être signalés anonymement via whatsapp au (+32) 495 40 84 84 ou par mail à l’adresse : fiche@rainbowhousebrussels.org
V.d.T. – Photo : Belga/Jamal





