“J’ai joué et j’ai perdu”: le dirigeant présumé d’un trafic de cocaïne avoue son implication partielle
Le tribunal correctionnel de Bruxelles a entamé l’interrogatoire des différents prévenus dans le cadre du mégaprocès Encro/Sky ECC, en commençant par les dirigeants présumés. Le premier d’entre eux, Eridan M.G., 50 ans, a reconnu avoir été impliqué dans des transports de cocaïne, mais a affirmé qu’il l’avait principalement fait pour rembourser des dettes et gagner sa vie. Selon lui, son trafic n’a pas atteint l’ampleur alléguée par le parquet fédéral.
“J’ai été à la tête d’une organisation criminelle, j’ai participé au trafic de drogue. J’ai joué et j’ai perdu”, a reconnu le prévenu, qui avait apparemment des dettes envers ses “employeurs”. “Je recevais des ordres de transport et cherchais ensuite des chauffeurs pour les effectuer. Le chauffeur me tenait alors informé de l’itinéraire qu’il empruntait et j’informais, à mon tour, les propriétaires des stupéfiants. Lorsqu’il partait, le chauffeur ne recevait jamais l’adresse exacte, mais uniquement le pays où il devait se rendre. L’adresse lui était communiquée lorsqu’il arrivait dans le pays. Sur le chemin du retour, il rapportait l’argent.”
Si Eridan M.G. a avoué avoir gagné de l’argent grâce au trafic de drogue, il a indiqué ne pas avoir encaissé des millions, comme l’a relaté le parquet. “J’ai gagné suffisamment d’argent pour payer mes dettes et vivre”, a-t-il indiqué. En outre, selon le parquet fédéral, les conversations sur Sky ECC montrent que le prévenu était en contact avec des criminels mexicains qui contrôlaient le port colombien de Turbo, et qui pouvaient lui fournir directement de grandes quantités de drogue. “Ce n’est pas vrai, c’est du bluff”, s’est indigné Eridan M.G. “On avance toutes sortes de choses sur Sky ECC, mais tout ce qui est affirmé ne s’est pas réellement produit.”
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Dans la foulée, le parquet a fait savoir que l’homme aurait également été impliqué dans l’enlèvement d’un chauffeur qui transportait des stupéfiants et lui aurait volé sa cargaison. “Cette histoire est différente”, a soutenu le prévenu. “Ce chauffeur m’avait dit qu’il pouvait effectuer un transport. Quelques jours plus tard, il m’a appelé pour me dire que la voiture contenant la drogue qu’il était censé transporter avait été volée. J’étais en Albanie et j’ai été convoqué pour m’expliquer, mais aussi torturé par les meneurs albanais. J’ai donc promis de rembourser l’argent, mais j’ai clairement dit que je n’étais pas responsable de ce vol.”
Le chauffeur en question aurait ensuite eu une autre chance d’effectuer un transport au départ de Rotterdam. “Là, il a été immédiatement abordé par les donneurs d’ordre albanais et a avoué qu’il avait vendu cette voiture à des gens à Paris pour 45.000 euros. Je me suis alors porté garant pour qu’il ne lui arrive rien de grave et il a remboursé une partie de l’argent.”