Interdire le français dans les écoles néerlandophones? “Je ne pense pas que ce soit une bonne idée”, répond Sven Gatz
Le 1er septembre, c’est la rentrée dans l’enseignement néerlandophone. À Bruxelles, ces écoles attirent beaucoup de francophones. Le ministre flamand Ben Weyts, en charge de l’Enseignement, veut y interdire l’usage du français entre les enfants ou les échanges entre professeurs et parents d’élèves.
Cartable sur le dos, 160 élèves arrivent à l’école Nieuwland pour leur pour la rentrée. Certains parents sont francophones, mais ont choisi d’y inscrire leurs enfants : “Dans la vie, je pense qu’il faudra parler le néerlandais, même dans le milieu du travail. Comme ça, mes enfants seront bilingues, c’est important“, justifie une maman.
Ici, seul un quart des enfants parlent flamand à la maison. Le projet pédagogique intègre ce paramètre important. Brian Rotsaert est le directeur de cette école fondamentale : “On trouve que si la base de la langue maternelle est bonne, qu’importe si c’est le français ou l’anglais, alors ça va aller pour le néerlandais“, explique-t-il.
Bientôt le français interdit dans la cour de récréation ?
Chaque année, la Flandre consacre 20 millions d’euros pour améliorer les compétences linguistiques de ses élèves. Elle finance aussi spécifiquement les écoles qui enseignent à des jeunes dont le flamand n’est pas la langue maternelle.
Dans les grandes villes, comme Bruxelles, les retards d’apprentissage sont plus importants. Le ministre de l’Éducation, Ben Weyts, veut donc aller plus loin, en obligeant les enfants à parler néerlandais, même pendant la récréation : “Moi, en tant que directeur, je ne suis pas d’accord“, réagit Brian Rotsaert. “Ici, les enfants peuvent parler la langue qu’ils veulent en jouant. On ne va pas interdire les autres langues, du moment qu’ils entrent dans la classe, avec toutes les activités en néerlandais“.
Il n’y a pour le moment pas de base légale pour interdire l’usage du néerlandais en dehors de la classe, ou dans les contacts avec les parents. Les écoles restent autonomes pour rédiger leur règlement d’ordre intérieur.
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La réaction du ministre Sven Gatz
Le ministre du Budget et du multilinguisme pour la Région bruxelloise, Sven Gatz était l’invité du 12h30 pour en parler ce vendredi. Il est aussi en charge de l’Enseignement néerlandophone à la VGC, La Commission communautaire flamande.
“Je ne pense pas que ce soit une bonne idée“, réagit-il. “D’abord, il y a déjà la réalité bruxelloise, où 70% des enfants qui fréquentent nos écoles néerlandophones ne parlent pas le néerlandais à la maison. Aussi, pédagogiquement, la majorité des experts disent qu’en acceptant la langue qui est parlée par l’enfant, le pont vers le néerlandais peut être beaucoup plus facile et plus riche“, argumente Sven Gatz.
■ Reportage de Michel Geyer et Charles Carpreau
■ Interview de Sven Gatz par Vannessa Lhuillier et Fanny Rochez