Ine Van Wymersch, commissaire nationale aux drogues: “Il existe aussi des laboratoires à Bruxelles”

La magistrate Ine Van Wymersch, chargée de coordonner la lutte contre la criminalité liée à la drogue en Belgique, était l’invitée du 12h30. Selon elle, nous ne sommes pas encore un “narco-Etat”, mais il faut rester vigilant.

Cela fait 10 mois que ce poste de “commissaire national aux drogues” a été créé et, déjà, un premier bilan peut être dressé. “Je pense qu’il y a vraiment un sens d’urgence parmi tous les partenaires dans la lutte contre la criminalité organisée. Tout le monde est réceptif aux appels du commissariat national drogues. Tout le monde veut réduire l’attractivité de la Belgique en tant que centre de distribution de stupéfiants.

Selon elle, plusieurs initiatives ont déjà été prises comme “convaincre le gouvernement d’investir dans cette lutte contre la criminalité organisée”, c’est-à-dire intégrer l’idée d’un “fonds drogues” notamment basé sur les biens saisis chez les criminels. “Un investissement pas seulement pour le volet répressif, mais aussi pour la santé publique, la santé mentale et les soins en général“, précise Ine Van Wymersch.

Aujourd’hui, les problèmes de drogue dans le pays ne se limitent pas uniquement à Anvers. “C’est un problème national et je pense que la création du commissariat national drogues en est la preuve. Les laboratoires de drogues synthétiques par exemple se trouvent un peu partout dans le pays. (…) Il en existe aussi à Bruxelles. Les criminels font usage de nos structures légales pour leur business illégal.”

Renforcer la lutte

Pour renforcer encore cette lutte, la magistrate a plusieurs idées. Selon elle, il faudrait une sérieuse réflexion sur la manière d’échanger les informations. Elle propose aussi de réévaluer la loi de 1921 sur les stupéfiants, notamment pour qu’on puisse agir par injonction pour des richesses inexpliquées. Concrètement, quelqu’un qui a un train de vie anormalement élevée pourrait être visée par une enquête. “Il faut inverser la charge de la preuve”, estime-t-elle. “Si vous n’arrivez pas à prouver les revenus légaux de l’achat de votre grande voiture, nous allons la saisir jusqu’à preuve du contraire, et pas l’inverse“, illustre-t-elle. Cette proposition n’est pas encore concrétisée, mais la commissaire perçoit “une ouverture” du côté du monde politique pour revoir certaines dispositions.

Une interview d’Ine Van Wymersch au micro de Fabrice Grosfilley dans Bonjour Bruxelles