Il y a neuf ans, la Belgique était frappée par des attentats à Maelbeek et à Zaventem

Il y a tout juste neuf ans, la Belgique était secouée par les attentats les plus meurtriers de son histoire. Deux bombes explosent à l’aéroport de Zaventem et une troisième dans une rame de métro dans la station Maelbeek, faisant 35 morts et plus de 300 blessés. Plusieurs hommages sont prévus ce samedi dans la capitale.
Le mardi 22 mars 2016, trois membres du groupe terroriste État islamique, Ibrahim El Bakraoui, Najim Laachraoui et Mohamed Abrini, se dirigent vers l’aéroport de Zaventem munis de sacs contenant des bombes artisanales. La cellule, déjà impliquée dans les attentats de Paris en novembre 2015, passe à l’action dans la précipitation après l’arrestation de Salah Abdelslam et Sofien Ayari, le 18 mars à Molenbeek-Saint-Jean.
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À 07h58, Ibrahim El Bakraoui et Najim Laachraoui déclenchent leurs explosifs dans le hall des départs. Mohamed Abrini, surnommé “l’homme au chapeau”, abandonne sa bombe et prend la fuite. Il repart à pied vers l’une des planques des terroristes, à Schaerbeek. L’aéroport est fermé, les avions cloués au sol.
Un peu plus d’une heure plus tard, à 09h11, Khalid El Bakraoui déclenche sa charge dans une rame bondée à la station de métro Maelbeek, à proximité des institutions européennes.
L’Organe de Coordination pour l’Analyse de la Menace (Ocam) place le pays en alerte maximale. La population est invitée à rester chez elle. La sécurité des lieux sensibles, dont les centrales nucléaires, est renforcée. La capitale est paralysée par le ballet incessant des ambulances. Les attaques seront revendiquées par l’organisation terroriste dans l’après-midi. Le gouvernement décrète trois jours de deuil national. L’émotion est forte en Belgique mais aussi à l’étranger, où les marques de soutien se multiplient.
Reportage : deux héros discrets témoignent
Grâce au témoignage du chauffeur de taxi qui avait conduit les trois terroristes à l’aéroport, les enquêteurs localisent l’une des planques des djihadistes, rue Max Roos à Schaerbeek. Les policiers y retrouvent du matériel servant à fabriquer des explosifs.
L’enquête révèle que les terroristes avaient au départ élaboré un scénario similaire à celui des attaques de Paris, avec des fusillades dans la foule. Osama Krayem, qui aurait également dû se faire exploser dans le métro, et Mohamed Abrini sont arrêtés le 8 avril à Anderlecht.
L’aéroport de Zaventem rouvre très partiellement ses portes 12 jours plus tard, le 3 avril 2016. La station de métro Maelbeek est quant à elle remise en service cinq semaines après les attentats.
Un procès marquant
Le plus long procès de l’histoire judiciaire belge débute le 10 octobre 2022 devant la cour d’assises de Bruxelles. En plus d’Osama Krayem, Mohamed Abrini, Salah Abdeslam et Sofien Ayari, cinq autres hommes, soupçonnés d’avoir joué un rôle dans les attentats sont présents dans le box des accusés : Hervé Bayingana Muhirwa, Ali El Haddad Asufi, Bilal El Mahkouki et les frères Smail et Ibrahim Farisi. Oussama Atar, considéré comme le “cerveau” des attentats, est jugé par défaut car présumé mort en Syrie. Ce procès hors-normes se déroule dans l’ancien siège de l’Otan, à Evere, renommé “Justitia”.
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Les frères Farisi sont finalement acquittés alors que Hervé Bayingana Muhirwa et Sofien Ayari ne sont reconnus coupables que de participation à une organisation terroriste. Les six autres accusés sont déclarés coupables d’assassinats et de tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste en juillet 2023.
Laurence Massart, présidente de la cour d’assises, prononce les peines le 15 septembre. Salah Abdelslam et Sofien Ayari, déjà condamnés pour les attentats de Paris en novembre 2015 et la fusillade de la rue Dries à Forest, ne reçoivent pas de peine supplémentaire. Les six autres condamnés écopent de peines de prison allant de 20 ans à la réclusion à perpétuité.
La partie civile du procès se conclut en octobre 2024 avec le jugement concernant les indemnités pour les victimes. Plus de 18 millions d’euros sont attribués à 980 survivants et proches de victimes décédées. Assuralia, la fédération sectorielle des assurances, chiffre le montant total des dommages liés aux attentats à 140,9 millions d’euros. Enfin, le Fonds des victimes a versé 6,5 millions d’euros aux victimes qui n’ont pas pu obtenir de compensation par leur assurance.
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Lors des attentats du 22 mars 2016, 32 personnes ont perdu la vie et 340 ont été blessées. Dans les mois et les années qui ont suivi, trois autres personnes sont décédées des suites de leurs blessures physiques ou psychologiques, portant le nombre officiel de morts à 35. La Cour d’assises a reconnu au total 691 victimes des attentats du 22 mars 2016.
Une minute de silence dans le hall des départs de l’aéroport de Zaventem
Une minute de silence a eu lieu samedi à 07h58 dans le hall des départs de l’aéroport de Zaventem. Les noms des 16 victimes des explosions à l’aéroport ont également été cités.
Devant la plaque commémorative située dans le hall d’embarquement, des personnes et des entreprises ont déposé des fleurs ou se sont arrêtées un moment en signe de deuil.
“Neuf ans, c’est long, mais c’est comme si c’était hier“, explique Philippe Vansteenkiste, directeur de l’association de soutien aux victimes du terrorisme V-Europe, qui a perdu sa sœur dans l’attaque. “L’absence de Fabienne est toujours très difficile à vivre. Le chagrin après chaque perte est lourd, mais après un attentat c’est encore différent: les victimes sont utilisées comme des armes pour attaquer la société. Toutes les valeurs avec lesquelles nous avons grandi s’effondrent.”
Danielle Iwens, qui travaillait au comptoir du gestionnaire des bagages Aviapartner lors des explosions, se souvient “d’un grand chaos“. “Je suis ici pour honorer les victimes qui ne sont plus là. Du jour au lendemain, les gens ont été arrachés à leur famille et à leurs amis“, souligne-t-elle.








Une minute de silence dans la station de métro Maelbeek
À 09h11 samedi matin, une minute de silence a eu lieu dans la station de métro Maelbeek à Bruxelles, en hommage aux victimes des attaques terroristes du 22 mars 2016.
“L’impact sur le personnel le jour de l’attentat était très important“, explique le porte-parole de la Stib Guy Sablon. “À ce moment précis, il y avait beaucoup de craintes par rapport à ce qui pouvait encore se produire par la suite. Ce n’est que dans les jours qui ont suivi que l’on s’est rendu compte de ce qui s’était réellement passé, dans notre métro, chez nous.”
“Le 22 mars restera à jamais une cicatrice pour Bruxelles. Mais nous avons montré que nous pouvons nous en remettre et rester forts ensemble“, a déclaré le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close (PS).








Reportage sur la minute de silence observée à Maelbeek et à Zaventem :
La Belgique se souvient des victimes devant le monument commémoratif
Une cérémonie d’hommage aux victimes des attentats du 22 mars 2016 était organisée samedi matin vers 10h15 devant le monument commémoratif de la place Schuman, dans le centre de Bruxelles. Plusieurs ministres du gouvernement fédéral étaient présents. Ces attentats, les plus meurtriers de l’histoire du pays, ont coûté la vie à 32 personnes.
La cérémonie a débuté par un morceau interprété par l’orchestre de la marine belge. Les noms des 32 victimes ont ensuite été cités et les représentants du gouvernement fédéral, de la Région bruxelloise et de la Ville de Bruxelles ont déposé des couronnes de fleurs sur le monument. Brussels Airport, où 16 personnes ont perdu la vie dans l’explosion de deux bombes, ainsi que la Stib, dont la station de métro de Maelbeek a été touchée par une explosion, avaient également prévu une couronne de fleurs.
“Le 22 mars restera à jamais une cicatrice pour Bruxelles. Mais nous avons montré que nous pouvons nous en remettre et rester forts ensemble“, a déclaré le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close (PS).
Le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin (MR), ainsi que le ministre de la Défense Theo Francken (N-VA) et la ministre de la Justice Annelies Verlinden (CD&V) étaient présents. Le Premier ministre Bart de Wever (N-VA) n’a pas assisté à la cérémonie. Des victimes, des proches de victimes et des représentants des services de secours ont également participé à l’hommage.
Reportage sur les commémorations :








Un cercle de parole et une marche pour la paix
Une trentaine de personnes ont participé, samedi après-midi, à une marche pour la paix à l’initiative de l’ASBL We Have The Choice, après un cercle de parole organisé au centre communautaire Elzenhof, dans la commune bruxelloise d’Ixelles. Ces événements étaient organisés pour rendre “hommage à toutes les victimes de la violence et du terrorisme” et appeler à la paix et au dialogue entre les peuples.
L’ASBL We Have The Choice, a été fondée par Kristin Verellen, qui a perdu son compagnon Johan Van Steen lors des attentats de Maelbeek le 22 mars 2016. Elle organise des rassemblements et cercles de parole pour permettre de discuter d’événements difficiles. C’était le cas samedi après-midi pour les victimes et proches de victimes des attentats du 22 mars 2016.
“J’ai fondé l’association il y a neuf ans, après les attentats qui ont profondément affecté ma vie“, a expliqué Kristin Verellen. “J’étais alors soutenue par un groupe d’amis, et nous nous réunissions tous les soirs pour nous remettre et partager des sentiments comme le chagrin, la colère et la rage. Cela m’a fait tellement de bien que j’ai réalisé que le fait de partager le chagrin et d’apporter de la lumière dans l’obscurité nous permettait d’établir un lien très fort.”
C’est dans ce cadre qu’une vingtaine de personnes ont pris part au rassemblement organisé neuf ans après les attaques à Brussels Airport et Maelbeek. Après ce cercle de parole, une douzaine d’autres personnes ont rejoint le groupe pour une “marche pour la paix” depuis le rond-point Schuman jusqu’à la place du Luxembourg.
Belga – Photos : Belga (dont archives du 22 mars)
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