Hausse des prix de l’énergie : le fédéral discute de mesures structurelles, en attendant l’Europe
Le prix du diesel et de l’essence sont passés au-dessus de 2 euros le litre. Les prix du gaz ont augmenté de 350% en Europe depuis le début de la guerre en Ukraine, alors que le prix des céréales est déjà en hausse de plus de 10%. L’économiste Bruno Colmant parlait même ce lundi dans Plus d’Actu d’une “crise inflationniste sans précédent”. Face à cette hausse globale du coût de la vie, le gouvernement fédéral reste pourtant discret.
Les voix s’élèvent depuis plusieurs jours pour réclamer des mesures d’urgence afin d’aider les citoyens belges à faire face à ces augmentations importantes, exacerbées par la guerre en Ukraine et les sanctions économiques contre la Russie.
Les demandes affluent notamment de la part du PS, d’Ecolo-Groen et du CD&V pour que des mesures plus importantes que les aides d’urgence proposées en décembre dernier soient désormais prises. Les discussions se focalisent sur plusieurs points. Tout d’abord, la baisse définitive de la TVA sur l’électricité, le gaz et les autres énergies à 6%. Une baisse provisoire pour quatre mois est déjà programmée au 1er avril 2022, mais les socialistes et écologistes poussent pour que cette diminution soit désormais pérenne. La ministre de l’Énergie Tinne Van der Straeten (Groen) promeut aussi cette mesure.
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L’élargissement du tarif social à un plus grand nombre de personnes est également sur la table. Près de deux millions de ménages bénéficient aujourd’hui de ce tarif réduit.
Le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) propose également la mise en place du cliquet inversé, soit une baisse des accises lorsque le prix du carburant dépasse un certain seuil. Par exemple, si le cliquet est activé, une réduction pour les fournisseurs autour de 200 euros par mètre-cube de diesel pourrait être envisagée, ce qui conduirait à une baisse pratique de 20 centimes par litre de carburant pour le consommateur. Mais le PS et les Verts estiment que cette mesure serait insuffisante.
Un sommet européen à Versailles
Le fédéral ne fait pas encore de grandes déclarations autour de ces mesures, dans l’attente d’un sommet européen prévu à Versailles ce jeudi. La guerre en Ukraine sera évidemment au coeur des discussions. Mais ce sommet permettra par ailleurs des discussions autour de mesures structurelles pour assurer l’indépendance énergétique des pays de l’Union Européenne et faire baisser les prix de l’énergie et des matières premières.
Selon le journal Le Soir, le gouvernement fédéral attend justement ce sommet européen pour avancer, et prévoit l’annonce d’un plan “à court, à moyen et long termes” autour de l’énergie d’ici à la semaine prochaine.
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Le fédéral avait déjà annoncé des mesures d’urgence en décembre. Est-ce que le fédéral peut aller plus loin en proposant des nouveaux chèques énergie ou consommation ? L’idée n’est pour l’instant pas dans les cartons. Plusieurs partis et l’association de défense des consommateurs Test-Achats estiment que la distribution de nouveaux chèques serait “de l’argent jeté par les fenêtres”, en raison du caractère unique et limité dans le temps de cette mesure.
Autre idée évoquée : limiter les prix maximums de gaz et d’électricité, comme cela s’est fait en France. Cette mesure serait toutefois compliquée à avaler pour les petits fournisseurs qui risquent d’en souffrir. Et en cas de disparition de ces fournisseurs moins importants, cela signifierait une concurrence moindre sur le marché et la possiblité pour les plus gros fournisseurs de faire monter les prix
La hausse risque de se poursuivre
Vu la guerre qui se poursuit en Ukraine, doit-on s’attendre à des hausses toujours plus fortes des prix de l’énergie ces prochaines semaines ? C’est toujours l’inquiétude. Les prix du gaz continuent de s’envoler en raison des déclarations européennes d’éviter une trop grande dépendance au gaz et au pétrole russe. Les États-Unis et leurs alliés souhaiteraient même interdire les importations de pétrole russe, actuel deuxième exportateur mondial de cette énergie.
Ce qui est certain, c’est que les prix ne descendront certainement pas au niveau d’avant-guerre, prédisent déjà les économistes. Le débat se tourne donc vers l’indépendance énergétique européenne pour éviter que les prix s’envolent. Mais cela demande des déclarations plus larges que quelques mesures d’urgence temporaires.
Gr.I. – Photo : Belga/Nicolas Maeterlinck