Grève des enseignants: les raisons de la grogne

L’enseignement francophone obligatoire se mobilisera lors d’un mouvement de grève ce mardi 26 novembre, qui pourrait être fortement suivi, selon les premiers retours. Cette mobilisation intervient alors que la Fédération Wallonie-Bruxelles discute de son budget pour l’année 2025.  110 millions d’euros d’économie sont prévus pour l’ensemble des matières communautaires, et l’enseignement pourrait être particulièrement touché.

Nous ne tomberons pas dans l’austérité“, ce sont les mots qu’Elisabeth Degryse, présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, avait prononcés à l’annonce des grandes lignes de son budget.  Mais dans un secteur de l’enseignement déjà sous tension, les choix annoncés par le nouveau gouvernement MR-Engagés passent mal.

Sur l’ensemble de la législature, c’est une économie totale de 208 millions d’euros qui devrait être réalisée, rien que pour l’enseignement obligatoire. La suppression d’emplois dans l’enseignement qualifiant, l’adaptation de la gratuité scolaire, l’arrêt du suivi des élèves majeurs ou encore le ralentissement de la rénovation des bâtiments, sont d’autant de points qui fâchent les enseignants, les syndicats, mais aussi l’opposition politique.

Des suppressions de postes

Dans son plan budgétaire, l’exécutif francophone belge prévoit, pour 2025, la suppression de 447 équivalents temps-plein, par rapport à 2024. Une régulation qui répond, selon eux, à “l’évolution des charges organiques qui ont été calculées sur base des populations scolaires certifiées au 15 janvier 2024 et non plus sur base des données démographiques“. Avec ces postes en moins, le gouvernement d’Elisabeth Degryse entend limiter les petites classes et inciter la réorganisation des établissements.

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A côté de cela, un rééquilibrage budgétaire est aussi prévu entre les dotations allouées à l’enseignement public et celles allouées aux établissements catholiques. Une question de bon sens pour la majorité MR-Engagés.

L’enseignement qualifiant en ligne de mire

Au cœur des réformes et des coupes budgétaires, il y a l’enseignement qualifiant (précédemment connu sous les noms d’enseignements techniques et professionnels). Le 26 septembre dernier, Valérie Glatigny (MR), ministre francophone de l’Enseignement, avait annoncé l’approbation d’une note visant à réformer le qualifiant. Dans cette réforme, il est prévu d’amputer 3% du budget actuel de l’enseignement qualifiant. Là aussi, moins de professeurs, mais aussi de matériel. Ce qui peut compliquer le processus d’apprentissage.

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Autre clé d’économie proposée par la Fédération Wallonie-Bruxelles, la réorientation de certains étudiants hors du circuit obligatoire, fait aussi grincer des dents. Et cette fois-ci, plutôt du côté de l’opposition. Concrètement, les élèves majeurs qui stagnent en 3ᵉ et 4ᵉ secondaire, mais aussi les élèves en 7ᵉ avec un CESS en poche, pourraient être poussés vers la sortie. Un non-sens, notamment pour le PS. Les socialistes pointent la situation générale des profils que vise la mesure : des élèves en décrochage scolaire. Pour eux, il n’est pas juste d’exclure ces étudiants “sans accompagnement vers des structures ad hoc”.

Suppression des statuts et indexation

Autre point qui fâche, c’est la fin du statut de “professeur nommé”. Sous le nouveau régime, les professeurs se verront proposer des contrats à durée indéterminée, au lieu des nominations à vie dans des établissements. Si les professeurs qui bénéficient déjà de ce statut pourront le conserver, le sentiment d’injustice règne chez les professeurs qui attendaient une nomination. Des inquiétudes quant à la sécurité de l’emploi qui se combinent à la question de l’indexation automatique du budget d’organismes publics. On parle ici de Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE), ou encore de l’Académie de Recherche et d’Enseignement supérieur (ARES), dont les budgets pourraient ne plus être indexés.

Et l’enseignement supérieur ?

S’il n’est pas concerné par le mouvement de grève de ce 26 novembre, l’enseignement supérieur pourrait bientôt suivre. Ses dotations devraient en effet être réduites de 6,5 millions d’euros pour l’année 2025. Par ailleurs, Elisabteh Degryse a annoncé vouloir augmenter les frais scolaires pour les étudiants étrangers. Un jeu qui pourrait s’avérer dangereux.

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En conclusion de ces nombreuses revendications, la chef de groupe Ecolo à la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), Bénédicte Linard, a déclaré à nos collègues de l’Avenir que “quand on fait le choix d’investir dans la jeunesse, dans les écoles et dans l’enseignement supérieur, on lutte contre les inégalités et la précarité. Or, ici, c’est l’inverse de ce qu’il faudrait faire qui est proposé”.

Aujourd’hui, une séance plénière était organisée au Parlement de la FWB pour discuter du budget de l’année 2025. Il ne fait nul doute que l’enseignement constituera un point houleux des débats.

Rédaction