Grève de la faim des sans-papiers suspendue : du soulagement et beaucoup de questions
Ce mercredi après-midi, à l’issue d’une nouvelle rencontre au cabinet du secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Sammy Mahdi (CDV), les sans-papiers de l’Église du Béguinage, de l’ULB et de la VUB ont décidé de suspendre leur action de grève de la faim.
Une nouvelle discussion avait lieu ce mercredi après-midi au cabinet Mahdi avec les avocats qui suivent les sans-papiers, Alexis Deswaef et Marie-Pierre De Buisseret, et l’envoyé spécial désigné par le secrétaire d’État, pour orienter les demandeurs d’asile, le commissaire général du CGRA Dirk Van Den Bulck. Les avancées, même si elles restent modestes aux yeux de militants proches du mouvement, ont finalement convaincu les grévistes, de suspendre leur mouvement. Suspendre mais non pas arrêter. Ils attendent de voir la suite.
►Voir aussi : La grève de la faim “suspendue” et celle de la soif “arrêtée”
Concrètement, sur quoi ont débouché les discussions ? Il s’agit de donner la possibilité aux occupants de faire valoir des éléments d’ancrage, de vulnérabilité, de séjour, etc. permettant l’octroi d’un permis A, via la procédure 9bis. Pour les dossiers les plus fragiles, la possibilité d’une protection humanitaire sur la base d’un 9ter est également sur la table. À partir de ce jeudi, les sans-papiers peuvent s’informer de leur situation.
La zone neutre mise en place par le gouvernement pour aider les sans-papiers individuellement “restera ouverte pendant un certain temps”, a assuré Sammy Mahdi, qui a fait part de son “soulagement”. “Les personnes en grève de la faim peuvent s’y rendre pour être conseillées afin de soumettre leur dossier individuel à la régularisation. Nous continuerons à travailler à l’amélioration structurelle des canaux de migration légale existants”, a-t-il ajouté.
Cas par cas
Il s’agit bien de déposer des dossiers individuels. La demande de régularisation collective, qui était au cœur de l’action entamée par les sans-papiers grévistes n’a donc pas été entendue. Et beaucoup se posent encore nombre de questions. Mais Alexis Deswaef salue le climat de confiance qui a pu être instauré avec les autorités et devrait permettre aux sans-papiers d’introduire une demande plus sereinement. Surtout, sur le plan sanitaire, la situation devenait extrêmement critique pour les 475 grévistes sur les trois sites après près de deux mois de grève de la faim et une semaine de grève de la soif.
► Notre dossier complet sur la grève de la faim des sans-papiers
Les trois lieux d’occupation vont rester ouverts, ce qui permettra aux équipes médicales d’assurer un suivi tant pour la santé physique que psychologique des grévistes. Elles seront attentives à la reprise progressive de l’alimentation, très délicate après une telle grève de la faim. Sur le plan juridique, les sans-papiers pourront bénéficier de l’aide d’associations et de juristes bénévoles. Le cabinet Mahdi promet que les dossiers des sans-papiers grévistes seront traités en priorité.
►Les détails, avec les explications d’Alexis Deswaef, avocat et Michel Genet, directeur de Médecins du Monde, dans Toujours + d’Actu