Fusillades à Bruxelles: “Nous sommes face à une lutte armée pour un territoire, avec des dealers qui se foutent de tout”
Le parquet de Bruxelles a confirmé, mercredi en fin de matinée, que deux fusillades se sont produites durant la nuit de mardi à mercredi dans le quartier de la Porte de Hal et de la gare Bruxelles-Midi. La première a eu lieu sur le boulevard du Midi à Bruxelles vers 01h30 et n’a fait aucun blessé. La seconde a eu lieu square Jacques Franck à Saint-Gilles et a fait un mort. En trois jours, quatre fusillades ont secoué le même quartier de la capitale. La première avait eu lieu dimanche rue Lacaille dans les Marolles, la deuxième mardi peu avant 14h00 au niveau du square Jacques Franck. Ces différents incidents sont sans doute liés à un conflit entre dealers de drogue. Les auteurs des différents échanges de coup de feu sont toujours recherchés.
“La police de la zone Bruxelles-Capitale/Ixelles a été requise boulevard du Midi à Bruxelles, mercredi vers 01h30, pour des coups de feu tirés sur un commerce de nuit”, a expliqué le parquet. “Selon les premières constatations, les coups de feu ont été tirés d’une voiture qui circulait devant ce commerce, et à bord de laquelle se trouvaient plusieurs personnes”. Cette fusillade n’a fait aucun blessé. Par ailleurs, la police a retrouvé plusieurs douilles sur place, d’après le parquet. “Une personne qui se trouvait dans le magasin a été arrêtée par les services de police. Elle sera auditionnée. L’enquête sur son implication dans les faits est en cours”, a-t-il ajouté.
Plus tard dans la nuit de mardi à mercredi, vers 05h50, c’est la zone de police Bruxelles-Midi qui a cette fois été appelée, également pour une fusillade. Elle s’est passée non loin du lieu de la première, mais sur le territoire de la commune de Saint-Gilles, square Jacques Franck. “Un homme a été abattu sur place. Il est décédé”, a déclaré le parquet. Cette instance judiciaire “a été avisée et a immédiatement requis un juge d’instruction, un médecin légiste et un expert balistique. Ce mercredi matin, ceux-ci sont descendus sur les lieux avec le laboratoire de la police judiciaire fédérale”, a-t-il poursuivi
■ Reportage de J-C Pesesse et F. De Henau
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“Des organisations mafieuses”
En trois jours, quatre fusillades ont secoué le même quartier de la capitale. La première avait eu lieu dimanche rue Lacaille dans les Marolles, la deuxième mardi peu avant 14h00 au niveau du square Jacques Franck et les deux dernières ce mercredi boulevard du Midi et dans le quartier de la Porte de Hal.
“Comme les faits sont tout récents, les enquêtes sur les deux fusillades sont encore en cours. Toutes les pistes sont ouvertes. L’enquête doit déterminer si ces fusillades sont liées et comment elles le sont. Il est clair qu’il s’agit de faits graves qui sont pris très au sérieux par le parquet de Bruxelles”, a-t-il encore déclaré. “Il y a plusieurs concertations et échanges d’informations entre les différents services de police locales et fédérales impliqués et le parquet afin d’aligner l’approche par les différents partenaires le mieux possible. Compte tenu de l’escalade de la violence cette semaine, une nouvelle réunion est prévue prochainement en vue d’assurer une approche cohérente de cette problématique. Le parquet s’engage, avec les différents services de police, à accorder une haute priorité au traitement de celle-ci”, a détaillé le ministère public bruxellois.
Ce dernier n’évoque pas, à ce stade, un règlement de comptes entre trafiquants de drogue, mais pour certaines autorités, ces fusillades s’inscrivent clairement dans ce contexte. “On est face à des organisations mafieuses”, à un “capitalisme de la drogue”, a notamment déclaré à la RTBF mercredi Jean Spinette (PS), bourgmestre de Saint-Gilles.
“Une prise d’otages”
“Nous sommes face à une prise d’otages, avec un nouveau mode opératoire qui est celui de la terreur. Avec des dealers qui se foutent de tout, qui ré-installent leurs chaises 30 minutes après le passage de la police,” a réagi le bourgmestre de Saint-Gilles Jean Spinette (PS). “Le point de deal est marqué par une chaise où les revendeurs s’installent en toute impunité régulièrement malgré les nombreuses arrestations faites par la zone de police Midi”, évoque encore le maïeur. “Manifestement, ce point doit être particulièrement rentable pour que des gens risquent leur vie pour se l’attribuer”.
Pour Fabrice Cumps (PS), le bourgmestre d’Anderlecht invité de Bonjour Bruxelles, “ce sont les effets collatéraux du trafic de drogue et cette guerre des gangs pour contrôler le territoire. C’est vraiment un cancer pour nos quartiers”. La présence de bande étrangère est parfois signalée. “La problématique dépasse la simple zone Bruxelles midi ou toutes les zones de police locales du pays. Elle doit être gérée par la police judiciaire fédérale. Je sais qu’elle manque de moyen, mais il faut les renforcer”, détaille le maïeur.
Sollicité, Rudi Vervoort (PS), ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale, a refusé de répondre à nos questions ce mercredi.
