Évacuation du campement boulevard Pachéco : les demandeurs d’asile à nouveau sans solution
Les occupants du campement de fortune se retrouvent à nouveau sans solution de relogement. La Région et le fédéral ne sont pas en mesure de leur en proposer.
Quelques oreillers et couvertures, c’est tout ce qu’il reste du campement d’une trentaine de demandeurs d’asile boulevard Pacheco, qui a été évacué ce mercredi.
Sur place, les personnes qui se retrouvent à la rue ne comprennent pas pourquoi. “Les autorités nous poursuivent mais si on les dérange tant, qu’ils nous proposent enfin des solutions de logement et d’hygiène“, déplore Idris.
Abdoul, lui, est soudanais. Il est en Belgique depuis 9 ans et aucun logement ne lui a encore été trouvé. Il demande donc maintenant à être rapatrié, malgré la situation au Soudan. “C’est clair pour moi qu’ils ne veulent même pas étudier mon dossier“, dit-il. “Ce sera plus facile pour moi de vivre là-bas. Peu importe à quel point je souffrirai, ce sera plus simple que de vivre ici, au niveau des droits humains.”
L’expulsion a été demandée par la KULeuven, nouvelle propriétaire des bâtiments. Elle aurait été annoncée, mais pas assez clairement et sans consultation du monde associatif. “Le fait qu’il n’y ait pas, en amont, d’informations suffisamment claires qui circulent sur les éventuelles évacuations, sur les intentions des autorités – qu’elles soient communales, régionales ou fédérales – crée une plus grande détresse pour les personnes et met réellement les opérateurs de l’aide aux personnes dans l’impossibilité de faire un suivi correct“, dénonce Mehdi Kassou, porte-parole de la Plateforme citoyenne.
Pénurie de places
La majorité des personnes expulsées ce mercredi sont des demandeurs d’asile. Elles ont donc le droit à un logement, mais la Région bruxelloise n’est pas en mesure de leur en proposer.
L’inquiétude monte, surtout à l’approche de l’hiver. “Aujourd’hui, la plateforme citoyenne est complètement à saturation“, explique Mehdi Kassou. “Malgré ces 1100 places, on a aujourd’hui un peu plus de 1000 personnes qui sont en liste d’attente pour entrer dans nos structures. Du côté du Samusocial, ils sont également à saturation. C’est pourquoi j’en appelle deux fois aux autorités. Une fois à la Région, qui, en affaires courantes, doit anticiper les besoins de cet hiver et donc rapidement réunir les acteurs de manière à pouvoir y faire face. Et puis au fédéral, à enfin mettre en œuvre ce qu’il faut pour résorber cette arriéré de près de 3000 personnes qui attendent toujours une place d’accueil.”
De son côté, la Ville de Bruxelles assure gérer en permanence la problématique du relogement.
■ Reportage de Bryan Mommart, Nicolas Scheenaerts et Laurence Paciarelli