Etudes de médecine : étudiants et professionnels exigent une révision du numerus clausus

A l’occasion des 20 ans de la limitation du nombre de numéros Inami délivrés aux professionnels de la santé (numerus clausus), étudiants et acteurs du terrain se réunissaient ce jeudi pour établir un bilan. Le Comité interuniversitaire des étudiants en médecine (Cium), le Groupement belge des omnipraticiens (GBO) et le Monde des spécialistes (Modes) s’accordent sur une chose: le numerus clausus doit être revu et adapté aux besoins réels de la population. Le futur réseau social pour les patients “Stent.care” a lui plaidé pour que le patient soit davantage pris en compte.

 

Le numerus clausus est né en 1997 du constat d’une suroffre de médecins. Craignant que les coûts des soins de santé ne deviennent exorbitants, le gouvernement fédéral de l’époque a dès lors décidé que les numéros Inami, qui permettent un remboursement des prestations médicales au patient, devaient être limités.
Constat amer 20 ans plus tard, tant par les étudiants que par les associations professionnelles: l’offre de médecins a été tellement limitée qu’elle aboutit à une pénurie en Belgique francophone, surtout de médecins généralistes et dans certaines spécialités. Reprenant un cadastre wallon effectué par l’Agence wallonne pour une vie de qualité (Aviq), le GBO souligne que les médecins généralistes actifs en Wallonie en 2016 se situent principalement dans les tranches d’âge 60-64 ans (environ 700) et 55-59 ans (environ 650). Alors que les 30-34 ans dépassent à peine les 300 généralistes actifs, laissant présager une pénurie aggravée lorsque les plus âgés prendront leur retraite.
Dans la province du Hainaut, où la pénurie est la plus marquée, seuls 32% des médecins généralistes ont moins de 50 ans. Un “non-sens” pour le Cium qui mène la Belgique à importer “des quantités massives (40%) de médecins étrangers, parfois sous-payés”.
Pour pallier cette situation, Cium, GBO et Modes demandent l’établissement d’un cadastre dynamique de la profession, permettant d’évaluer les réels besoins en soins de santé. La clé de répartition des numéros Inami (60% pour la Flandre, 40% pour la Wallonie) doit également être modifiée, afin d’assurer davantage de numéros aux francophones. Une politique fédérale doit être érigée sur le long terme et non sur le court terme, exigent-ils encore. Les sensibilités communautaires doivent être dépassées, dans l’intérêt des praticiens, des étudiants mais aussi des patients. Ces derniers sont rarement pris en compte, dénonce Lucio Scanu, administrateur de Stent.care et malade chronique depuis 1969. Il pointe du doigt un système où les chiffres comptent plus que les êtres humains.

 

Belga