Entre remise en question et sentiment d’injustice : immersion au parquet de Bruxelles après l’attentat du 16 octobre

Quelques semaines après la perte du dossier d’Abdesalem Lassoued, l’auteur de l’attentat du 16 octobre, BX1 a poussé la porte du parquet de Bruxelles. L’occasion de s’entretenir avec Tim De Wolf, le Procureur du Roi faisant fonction et d’évoquer avec lui le manque d’effectif, mais aussi de prendre la température au service des mœurs qui est déjà en phase de digitalisation.

Toute la lumière doit encore être faite sur la perte du dossier d’extradition de l’auteur de l’attentat commis à Bruxelles le 16 octobre dernier. Au parquet de Bruxelles, tous sont encore marqués par l’événement. “Je ne vais pas parler pour tous les collègues, mais ça aurait pu arriver à n’importe qui. On essaye d’être le plus consciencieux possible, de traiter chaque dossier en sachant qu’il y a une personne derrière”, explique Michaël Crupi, responsable administratif du service des mœurs.

Le dossier d’Abdesalem Lassoued, l’assaillant, s’est perdu dans la mauvaise armoire. Le parquet de Bruxelles s’est déjà expliqué sur la question. Le procureur du Roi faisant Fonction, Tim De Wolf, revient sur ce qui s’est passé. “Il y a eu beaucoup d’émotions, assez profondes, ces derniers temps. Collectivement, nous n’avons pas assuré le traitement correct de ce dossier”, déclare-t-il.

Pas question de se trouver des excuses, mais seuls 95 magistrats sont mobilisés. En prenant en compte les absences de longue durée, il n’en reste plus que 83. Pour un fonctionnement optimal, il en faudrait 119. Le gouvernement fédéral en annonce cinq de plus, mais la procédure prend du temps.

Au total, 38 000 dossiers sont en cours de traitement, dont 1600 rien qu’au service des mœurs. Depuis un an et demi, ces dossiers papiers sont digitalisés. Leur traitement, lui, n’est pas encore digital, mais c’est en cours. “Ça va nous faciliter énormément la vie. Nous passons beaucoup de temps à rechercher des dossiers”, se réjouit Michaël Crupi.

En revanche, Tim De Wolf insiste, contrairement à ce qui a été dit, le parquet de Bruxelles n’est pas à la traîne. “Toute la justice est à la traine quant à la digitalisation. Nous, en tant que parquet, dès le début, nous avons dit être preneurs de toutes phases tests”.

 

■ Reportage de Valérie Leclercq, Karim Fahim et Laurence Pacciarelli.