En Immersion : l’hypnose médicale, ce voyage de l’âme
Un nouveau numéro de votre magazine “En Immersion”.
Aujourd’hui, ils sont des milliers de patients à Bruxelles à bénéficier de l’hypnose médicale : au bloc opératoire bien entendu, mais aussi dans de multiples autres services. Ainsi, presque tous les hôpitaux de la capitale proposent, à des échelles variées, l’hypnose à leurs patients.
Le temps d’une journée, nous nous sommes glissés aux Cliniques Universitaires Saint-Luc, modèle en la matière, qui propose l’hypnose dans bon nombre de ses services : au quartier opératoire, en radiothérapie, aux urgences, en dentisterie, etc. L’hypnose s’est ainsi progressivement imposée dans l’hôpital woluwéen, depuis 2005, alors que désormais un tiers des anesthésistes y sont formés. Pour ce reportage, notre équipe a pu suivre le travail d’un anesthésiste hypnotiseur, lors de plusieurs chirurgies nécessitant une forme de transe hypnotique, ainsi que le travail des hypnotiseuses du service d’obstétrique.
Et dans les autres hôpitaux ?
À Bruxelles, seuls trois hôpitaux ne proposent, aujourd’hui, pas d’hypnose : le CHU Brugmann, l’UZ Brussel où il n’y a “pas d’approche généralisée de l’hypnose“, nous indique sa porte-parole et l’Hôpital Militaire Reine Astrid. “Néanmoins, une personne vient toutefois de commencer un certificat interuniversitaire européen en hypnose thérapeutique, dont la durée est de deux ans“, précise le Colonel Carlos de Vaulx de Champion, directeur de l’Hôpital Militaire.
Quant aux autres hôpitaux, c’est l’Hôpital Erasme qui est parmi les premiers à mettre en place l’hypnose, dans les années 90, “alors qu’il n’était pas commode d’en parler à l’époque, on parlait plutôt de sophrologie ou de relaxation, mais c’était bien de l’hypnose ericksonienne“, nous explique-t-on. Aujourd’hui, plusieurs services de l’hôpital anderlechtois proposent l’hypnose, parmi lesquels les soins intensifs, la maternité ou encore la clinique de la douleur, soit “environ 300 à 400 patients par an en consultation“.
En 2011, c’est l’Hôpital des Enfants Reine Fabiola qui lance son programme d’hypnose, dans les services de gastro-pédiatrie et à la clinique de la douleur pédiatrique. Actuellement, un psychologue, un pédiatre et une infirmière y sont formés, et traitent 30 à 50 jeunes patients par an. “Il y a aussi une demande croissante de formations“, ajoute l’hôpital. Au même moment, l’Institut Jules Bordet lance, “il y a une dizaine d’années“, sa pratique de l’hypnose, répandue dans la plupart des services, ambulatoires et d’hospitalisation. Aujourd’hui, la plupart des psychologues, et certains autres soignants, y sont formés, alors que l’Institut est “confronté à une augmentation très claire des patients et des soignants intéressés par le sujet“.
Au CHU Saint-Pierre, où l’on pratique l’hypnose depuis 2014, deux services la proposent : l’anesthésie (six personnes formées) et l’algologie (trois infirmiers avec certificat d’hypnose).
Quant aux Cliniques de l’Europe, où l’hypnose s’est déployée depuis 2015-2016, on ne la pratique qu’au bloc opératoire, essentiellement. “C’est compliqué de l’étendre davantage“, nous confie le Dr Annie Tshibangu, anesthésiste et responsable de l’hypnose. Quatre anesthésistes-réanimateurs sont aujourd’hui formés au bloc, et font face à une forte demande, “en ORL, en gynécologie, en chirurgie digestive et plastique“, malgré l’impact négatif de la pandémie.
La Cliniques Saint-Jean déploie, elle, très largement l’hypnose formelle, dans onze services : le quartier opératoire, les urgences, les soins palliatifs et les consultations de psychologie, notamment, mais aussi via la réalité virtuelle, en kinésithérapie, en salle d’accouchement, en salle de réveil, en pédiatrie ou dans la clinique du sein. Dans cet hôpital du centre-ville, deux anesthésistes sont formés, ainsi que deux médecins de soins palliatifs, un infirmier des urgences et un psychologue. “Cela représente, chaque année, une trentaine de patients avec accompagnement, et plus de 300 pour la réalité virtuelle“, précise leur porte-parole.
Enfin, le CHIREC et les Hôpitaux Iris Sud proposent également l’hypnose, sans que nous ayons pu obtenir, pour l’heure, de détails sur leur pratique.
■ Un documentaire d’Arnaud Bruckner et Camille Dequeker, avec Laurence Paciarelli et Besnik Niqki