En Belgique, “les autorités laissent la crise de l’accueil se prolonger”, selon Amnesty International
L’ONG Amnesty international dresse un sombre tableau de la Belgique dans son rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde en raison du manque de capacité d’accueil des personnes demandeuses d’asile et de l’inaction de l’État belge à cet égard.
De nombreux demandeurs d’asile ont encore été laissés dans la misère “sans abri ni ressources“, déplore l’ONG de défense des droits humains dans le chapitre consacré à la situation en Belgique. Amnesty International (AI) déplore en particulier que le commissariat général aux apatrides refuse la protection aux Afghans, en dépit du retour au pouvoir des Talibans dans ce pays.
Les autorités “laissent la crise de l’accueil se prolonger” et “continuent de se montrer cruellement indignes des valeurs qu’elles prétendent défendre en laissant des centaines de personnes demandeuses d’asile – dont des enfants – à la rue, sans ressources, en contradiction totale avec leurs obligations relatives au droit d’asile et au droit d’accueil qui y est lié“, fustige Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International, dans un communiqué.
“Comme si cette situation honteuse ne suffisait pas, nos autorités persistent et signent dans l’incurie, l’irresponsabilité et la négation de l’État de droit en ignorant plusieurs milliers de décisions de justice belges et européennes“, insiste-t-il. L’ONG rappelle à ce titre que la Cour européenne des Droits de l’Homme a pris des mesures provisoires pour que les arrêts rendus au niveau national soient respectés. À ce jour, l’État belge n’a en effet pas payé les astreintes imposées après plus de 7.000 condamnations pour le non-respect de ses devoirs envers les demandeurs d’asile.
Les mesures prises en Belgique pour répondre à la crise de l’accueil jusqu’à présent se sont révélées “inadéquates” et celles prévues “ne permettent pas non plus d’envisager une amélioration de la situation à court terme“, se désole d’ailleurs l’ONG.
“Si nos autorités le veulent vraiment, elles disposent des ressources nécessaires pour accueillir dans la dignité ces personnes vulnérables et respecter ainsi leurs obligations“, encourage Philippe Hensmans, qui blâme au passage la Belgique pour les expulsions forcées des personnes réfugiées dans des bâtiments publics, comme à Schaerbeek ou Saint-Josse.
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La crise de l’accueil n’est pas le seul aspect qui inquiète l’ONG pour le respect des droits humains en Belgique. Une discrimination structurelle “directe et persistante” a été observée contre les étrangers sur le marché du travail et en particulier contre les personnes d’origine africaine dans le domaine du logement. En outre les étrangers sont plus à risque de subir des violences lors d’arrestations, de gardes à vue ou juste de témoignages, constate encore Amnesty.
Autre aspect sombre au tableau de la Belgique, la surpopulation dans des prisons “délabrées” où les conditions de détentions sont qualifiées d'”inhumaines“, notamment en raison du manque d’accès aux sanitaires et soins médicaux.
Amnesty International signale encore que la Belgique autorise des transferts d’armes jugés “irresponsables“.
Une bonne note est cependant attribuée à la Belgique par l’ONG en ce qui concerne les violences sexuelles ou fondées sur le genre : elle salue que des dispositions pénales relatives à la notion du consentement et à la dépénalisation du travail du sexe sont entrées en vigueur l’an passé.
Belga – Photo : Belga / Hatim Kaghat
■ Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International, dans Bonjour Bruxelles