Ecolo réclame la suspension de X, De Croo plaide pour une intervention de la Commission européenne face à Musk & co

L’ex-réseau Twitter, racheté par le milliardaire Elon Musk, suscite la controverse depuis plusieurs mois.

Ecolo appelle les autorités belges à suspendre le réseau social X, a annoncé jeudi le parti dans un communiqué. L’ex-réseau Twitter est accusé d’être mis à profit par son propriétaire pour servir les intérêts politiques de celui-ci, fervent partisan de Donald Trump et soutien de partis de droite populiste, voire d’extrême-droite en Europe. “Nous assistons à une dérive alarmante”, a affirmé la co-présidente d’Ecolo Marie Lecocq. “X est devenu un outil au service d’un multi-milliardaire aux ambitions politiques autoritaires, qui soutient ouvertement des forces conservatrices et clivantes comme l’AfD en Allemagne ou les climatosceptiques au Canada. Cette plateforme, qui favorise les contenus haineux et divisifs, met en péril la cohésion sociale et la stabilité démocratique. Nos institutions ne peuvent rester passives face à une telle menace”.

Le réseau social est devenu un vecteur de désinformation massive, mais aussi un terrain de jeu pour les puissances étrangères, estiment les Verts. Ils demandent sa suspension tant qu’il ne respecte pas pleinement les règles européennes en matière de modération des contenus, de lutte contre la désinformation et de transparence inscrites dans le Digital Services Act (DSA). L’enquête de la Commission européenne à ce sujet, ouverte il y a un an, est toujours en cours. “Ce n’est pas parce qu’on est riche et Américain qu’on peut se placer au-dessus des lois européennes. Nos démocraties ne sont pas à vendre. X devra être suspendu tant qu’il ne se conformera pas aux règles. Nous devons protéger nos citoyens des risques d’ingérence étrangère et garantir la sécurité nationale”, a ajouté Marie Lecocq.

La députée Rajae Maouane interrogera le Premier ministre jeudi après-midi à la Chambre sur ce point.

De Croo plaide pour une intervention de la Commission européenne face à Musk & co

Le Premier ministre, Alexander De Croo, plaide en faveur d’une intervention de la Commission européenne face à l’utilisation des réseaux sociaux pour déstabiliser les démocraties de l’Union, a-t-il fait savoir jeudi à la Chambre.

Le chef du gouvernement démissionnaire a évoqué l’“ingérence d’hommes riches et puissants actifs dans les médias”, sans pour autant citer le milliardaire Elon Musk, propriétaire du réseau X et partisan actif de partis de droite populiste voire d’extrême-droite sur le continent européen. “Nous sommes soumis à des attaques constantes contre notre souveraineté”, a souligné M. De Croo. “On doit intervenir.”

La Commission européenne a ouvert fin 2023 une procédure formelle contre X pour des infractions au DSA, le règlement européen des services numériques, notamment pour non-respect présumé de l’obligation de limiter les risques liés aux processus électoraux. Elle organisera le 24 janvier prochain une table ronde avec l’agence allemande de coordination des services numériques, la société civile et les grandes plateformes (dont X) dans le cadre des élections du mois de février. M. Musk a exprimé publiquement son soutien au parti d’extrême-droite allemand AfD et annoncé la tenue d’un débat ce jeudi avec sa présidente. En soi, rien n’interdit la diffusion sur X d’un tel débat. Mais la Commission européenne surveillera l’éventuel traitement préférentiel dont pourrait bénéficier ce “livestream” sur la plateforme, a-t-elle averti lundi. “Nous avons des bases légales pour intervenir“, a expliqué le Premier ministre en réponse à des questions d’Ismaël Nuino (Les Engagés), François De Smet (DéFI), Rajae Maouane (Ecolo-Groen) et Christophe Lacroix (PS). “La Commission européenne devrait entrer en action et utiliser les instruments du DSA. La liberté d’expression m’est chère mais elle ne peut servir de prétexte à des mensonges et à de la manipulation (…) Je plaiderai pour une intervention”, a-t-il insisté.

Belga