Des sans-papiers menacés d’expulsion à Woluwe-Saint-Lambert: la commune accuse les ministres de rester “totalement passifs”

Le bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert accuse les ministres compétents d’être restés “totalement passifs”, face à l’expulsion d’une soixantaine de personnes d’un immeuble, propriété d’une organisation internationale.

Quelle solution pour la soixantaine de personnes sans-papiers, qui occupent un immeuble à Woluwe-Saint-Lambert, menacées d’expulsion? Les occupants ont reçu un avis d’expulsion par courrier le 11 octobre dernier, les exhortant à quitter l’immeuble au plus tard le 22 octobre prochain. Les résidents et le collectif ont fait appel, mais craignent de ne pas avoir assez de temps pour mener à bien la procédure devant le tribunal.

Ce vendredi, la commune répond en rappelant que “une décision de justice s’impose aux autorités et, conformément au principe de la séparation des pouvoirs, ni un gouvernement, ni un bourgmestre ne sont en droit de s’opposer à l’exécution d’une décision de justice“.

Le communiqué explique toutefois que son bourgmestre, Olivier Maingain (DéFi), a tenté d’alerter les ministres compétents, sans succès.

Le bourgmestre a ainsi tenté de joindre la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib, dès le 9 septembre, pour l’inviter “à prendre des mesures pour accompagner les occupants s’ils venaient à être expulsés“. Le bâtiment est, en effet, propriété de l’organisation internationale OACP (Organisation des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique). Selon la commune, la ministre doit “garantir la protection diplomatique de cet immeuble en raison de la qualité de son propriétaire“. Hadja Lahbib “n’a jamais daigné répondre“, assure-t-on, “malgré un rappel adressé le 30 septembre“.

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La commune de Woluwe-Saint-Lambert dit également avoir écrit au ministre Alain Maron. Le lendemain, “une réunion s’est tenue le 10 septembre entre les représentants des occupants, le représentant du cabinet du ministre Maron et le bourgmestre afin d’envisager différentes pistes“.

Le bourgmestre a écrit à l’organisation propriétaire de l’immeuble, le 11 septembre, “pour l’informer que les occupants souhaitaient la rencontrer pour présenter des solutions et modalités, notamment financières et juridiques, afin de bénéficier d’une occupation temporaire avec le soutien de la Région bruxelloise“. La réponse est arrivée le 17 septembre : “cette organisation internationale a décliné la proposition et n’a pas souhaité rencontrer les occupants de l’immeuble“. Le courrier a donc été transmis au cabinet du ministre Maron “pour qu’il prenne en conséquence les mesures en vue d’un relogement des occupants“.

“Il n’incombe pas à une commune d’assumer des charges qui incombent aux autorités supérieures”

La commune l’assure dans son communiqué de presse : “Toutes les initiatives ont ainsi été prises par le bourgmestre afin de prévenir au mieux les conséquences de la décision de justice prononcée. Il n’incombe pas à une commune d’assumer des charges qui incombent aux autorités supérieures. En raison du statut particulier dont bénéficie cet immeuble, il revient à la ministre des Affaires étrangères, en concertation avec le ministre régional compétent, d’envisager toute suite à réserver à ce dossier“.

Le communiqué termine en revenant sur l’affaire de l’expulsion d’occupants de l’hôtel Monty vers un centre de transit, situé sur l’avenue Ariane, déplorant que la ministre Nicole De Moore ait “intenté plusieurs procédures, encore pendantes, à l’encontre de la décision du bourgmestre, pour empêcher l’hébergement des personnes expulsées en un lieu où il y avait une capacité d’accueil“. “Dans le même temps, les personnes hébergées en ce lieu, au titre de demandeurs d’asile, ont été incitées à demander leur domiciliation en ce lieu, pour contraindre la commune à en assumer les conséquences financières“, avance aussi la commune.

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A l’évidence, le gouvernement fédéral sortant a eu pour principal objectif de faire reporter sur les communes des missions qui ne leur incombent pas. Le bourgmestre n’entend pas céder à ce type de chantage“, conclut le communiqué de presse.

La situation, en attendant, ne s’arrange pas les occupants dont les conditions de vie se dégradent : ” “Ni la commune, ni le CPAS n’ont apporté d’aide afin de rétablir l’approvisionnement en électricité (…) La signature d’une convention d’occupation temporaire pourrait permettre aux habitants d’avoir un toit jusqu’à ce que le bâtiment soit réaffecté”, a plaidé le collectif.

La rédaction – Photo : Google Street View