Début du procès “Clinique”: “c’était des rumeurs qu’on cassait des bras”, a dit un prévenu

Le tribunal correctionnel de Bruxelles a entamé lundi matin le procès dit “Clinique”, relatif à un trafic de drogue qui se déroulait dans le quartier Clemenceau à Anderlecht. Parmi les 24 prévenus renvoyés en correctionnelle, deux ont entretemps bénéficié d’un non-lieu. Vingt-deux individus sont donc jugés devant le tribunal, âgés pour la plupart entre 20 et 33 ans. Ils doivent répondre de détention et vente de cannabis et cocaïne en association, globalement entre mai 2023 et septembre 2024, mais aussi, pour certains, de détention d’armes, de coups et blessures et de traitement inhumain.
La présidente du tribunal a interrogé l’un des principaux prévenus sur les nombreuses préventions mises à sa charge, notamment celle d’avoir dirigé un réseau de vente de stupéfiants depuis la prison de Haren, où il était incarcéré. Il a également été questionné sur des règlements de compte qui ont été menés envers ses concurrents. “C’était des rumeurs qu’on cassait des bras“, a-t-il dit à ce propos.
Le prévenu, aux nombreux antécédents judiciaires, est ensuite revenu sur son parcours de vie. Il a raconté avoir arrêté sa scolarité à l’âge de 17 ans puis avoir accumulé les délits et les condamnations. “Je ne suis pas quelqu’un qui apprend vite“, a-t-il répondu à la question de la présidente de savoir pourquoi il n’avait “toujours pas appris de ses erreurs“
Interrogé encore sur ses projets d’avenir, le jeune homme a répondu: “je voudrais être comme tout le monde. Avoir un travail et me fiancer“.
Un autre prévenu a été interrogé lundi matin par le tribunal. Soupçonné d’avoir tenu le rôle de “nourrice”, soit la personne qui ravitaille les vendeurs en rue, ce jeune homme de 21 ans a déclaré qu’il avait en effet vendu des stupéfiants mais uniquement pour pouvoir payer sa consommation personnelle, “car je n’arrive pas vraiment à arrêter“, a-t-il dit.
Le prévenu avait été interpellé avec ses deux frères dont un mineur lors d’une perquisition d’un appartement rue Brogniez à Anderlecht, où de grandes quantités de drogue et d’argent en liquide ont été découvertes. Il s’agissait d’un hébergement loué “facilement” via une plateforme de location de logement de vacances. “On avait été expulsés de notre maison. Ma mère était allée vivre chez notre tante et mes frères et moi on a loué cet appartement“, a-t-il expliqué au tribunal.
Lorsqu’il a été interpellé, le prévenu, condamné en juillet 2023 dans un dossier jumeau, effectuait une peine de probation autonome avec comme conditions notamment celle de reprendre sa scolarité. Il n’a entrepris aucune démarche en ce sens, ressort-il de l’enquête.
■ Reportage de Lisa Saint-Ghislain et Alexandre D’Haeseleer