Crise de l’accueil: “On peut commencer à parler de chaos structurel”
La crise de l’accueil des demandeurs d’asile occupe l’exécutif depuis deux ans et a déjà donné lieu à d’âpres débats ainsi qu’à l’annonce de mesures destinées à créer de nouvelles places et à en libérer d’autres sans, jusqu’à présent, permettre de résoudre cette crise persistante. Pour éviter que, dans les semaines à venir, des familles avec enfants se retrouvent sur le carreau, la secrétaire d’État à l’Asile, Nicole de Moor, a annoncé que les hommes seuls demandeurs d’asile ne recevraient temporairement plus de place d’accueil. La décision, non concertée, a suscité un tollé chez les écologistes et les socialistes. Le point figurera à l’ordre du jour du “kern” de ce vendredi.
“On peut commencer à parler de chaos structurel, ça fait maintenant plus de deux ans que cette crise a débuté”, a réagi Mehdi Kassou, directeur de la plateforme citoyenne BelRefugees, au micro de Fabrice Grosfilley dans Bonjour Bruxelles. “Habituellement, les situations d’extrême tension sur la capacité de prise en charge arrivent plutôt du côté du mois de novembre ou décembre. Ici, on a une rentrée extrêmement dure et extrêmement violente, avec les dernières déclarations de madame de Moor qui annonce qu’elle ne prendra pas en charge les hommes isolés. Et donc ça annonce simplement un gel complet des capacités des centres bruxellois à encore orienter des demandeurs d’asile vers Fedasil. Et qui dit impossibilité d’orienter, dit impossibilité de prendre en charge, et donc un gel complet et une saturation plus que garantie.”
“J’ai beaucoup de mal à banaliser le fait que les hommes ne soient pas des personnes vulnérables. Je dois rappeler que, au sein de nos dispositifs et et en rue, il y a de plus en plus de tentatives de suicide. On a même eu un suicide cet été d’une personne demandeuse d’asile désespérée. Les hommes sont extrêmement vulnérables. Le fait de systématiquement les mettre dans une catégorie dans laquelle on considérerait qu’ils ne le sont pas, c’est grave. Et par ailleurs, c’est surtout un non-respect flagrant des obligations de la Belgique.”
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“Il faut s’attendre évidemment à ce que les personnes cherchent à construire des abris de refuge. On peut dire qu’aujourd’hui la crise de l’accueil qui continue d’être d’être non gérée avec les conséquences qu’elle a, amène son lot de personnes en plus en rue. Aujourd’hui on voit un changement important au sein de nos centres. Il y a encore moins de deux ans, on avait dans le centre entre 10 et 20 % de demandeurs d’asile qui étaient souvent là pour quelques jours avant de pouvoir rentrer chez Fedasil. Aujourd’hui, la moyenne est entre 55 et 70 % de demandeurs d’asile. Ce qui a des conséquences évidemment sur le reste du travail, sur les autres personnes. On peut parler des personnes sans papiers, des personnes migrantes en transit, des personnes sans abri qui devraient normalement être dans les dispositifs, qui, évidemment, se voient aussi bloquer aux entrées parce que les centres sont complètement saturés”.