Les hébergements touristiques en pleine expansion à Bruxelles : “Dans les quartiers autour de la Grand-Place, il existe un véritable conflit entre la fonction résidentielle et la touristique”
Une semaine après avoir mis sous scellés un immeuble transformé sans permis en logement touristique via une plateforme en ligne, la Ville de Bruxelles veut lutter contre ce phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur dans la capitale. Analyse.
- Reportage de Valentine Rolus, Nicolas Scheenaerts, Constantine Corluy et Laurence Paciarelli
La cellule Contrôle de l’Urbanisme de la Ville de Bruxelles a posé, il y a une semaine, des scellés sur un immeuble situé dans le quartier Saint-Géry. Six logements et un bureau y avaient été exploités à des fins touristiques via une plateforme de réservation en ligne, sans permis d’urbanisme autorisant un changement d’affectation vers une fonction hôtelière. Il s’agissait donc de transformations illégales, avec des espaces aménagés pour des séjours de courte durée et des équipements typiques de l’hôtellerie : boîtiers à code, guides d’accueil, services intégrés. Des contrôles ont également révélé la présence de touristes.
La Ville de Bruxelles a ainsi posé des scellés sur un immeuble ayant transformé sans permis sept unités (six logements et un bureau) en hébergements touristiques dans le quartier Saint-Géry. “Ce type de détournement nuit gravement à l’équilibre de nos quartiers”, explique Anaïs Maes, échevine de l’Urbanisme (Vooruit).
La cellule Contrôle de l’Urbanisme de la Ville de Bruxelles a réitéré l’opération ce jeudi, en posant des scellés sur un autre immeuble du quartier Saint-Géry. Là encore, six logements et un bureau avaient été exploités à des fins touristiques via une plateforme de réservation en ligne, sans permis d’urbanisme. Des transformations illégales, donc, avec des installations destinées à accueillir des séjours de courte durée, et des équipements similaires à ceux que l’on trouve dans l’hôtellerie : boîtiers à code, guides d’accueil, services intégrés. Des contrôles ont confirmé la présence de touristes.
“Selon le PRAS (Plan Régional d’Affectation du Sol), la suppression de logements est strictement encadrée, voire interdite, précisément pour préserver la fonction résidentielle en ville. Cette règle vise à empêcher que le parc de logements ne soit réduit au profit d’usages plus lucratifs comme le tourisme, et à garantir l’accès au logement pour les habitant·es bruxellois·es”, explique la Ville. “Chaque logement transformé en hébergement touristique représente un espace de vie en moins pour un·e habitant·e ou une famille. Lorsqu’un immeuble entier est vidé de sa fonction résidentielle au profit d’une activité lucrative illégale, c’est une atteinte directe à l’intérêt général. D’autant plus que ces hébergements sont parfois loués à plusieurs milliers d’euros par semaine”, précise Anaïs Maes.
Hugo Périlleux, géographe à l’ULB, a analysé le phénomène de l’expansion des hébergements touristiques mis en ligne illégalement sur les applications et sites de réservation. Il a notamment calculé le rapport entre le nombre de logements touristiques présents sur ces plateformes et l’ensemble du marché locatif bruxellois : “Le tourisme représente environ 1 à 2 % du nombre total de logements à l’échelle de la région bruxelloise.”
Certains quartiers du centre de la capitale sont toutefois bien plus touchés par le phénomène : le taux de logements touristiques peut y atteindre 30 %. “Dans les quartiers autour de la Grand-Place, il existe un véritable conflit entre la fonction résidentielle et la fonction touristique”, souligne Hugo Périlleux.