Coronavirus : proportionnellement, moins de tests sont réalisés à Bruxelles qu’en Flandre

Le pays dispose aujourd’hui d’une capacité de 40.000 tests par jour mais seuls 8.000 à 12.000 sont réalisés quotidiennement. Et proportionnellement, Bruxelles teste moins sa population que les autres régions ou provinces du pays.

Les épidémiologistes appellent les autorités à mener des campagnes de dépistage massif, peut-on lire mercredi dans les colonnes de Sudpresse et de la Dernière Heure. “Une mesure urgente et indispensable. Le testing reste fondamental, surtout pour une maladie qui n’a pas un stigmate évident. Les asymptomatiques jouent un rôle important dans la transmission du virus. Il faut tester plus, surtout que l’on peut désormais se le permettre. On applique le testing de manière beaucoup trop dirigée chez nous“, estime Yves Van Laethem, infectiologue au CHU Saint-Pierre et porte-parole interfédéral de la lutte contre le Covid-19.

“On ne teste pas suffisamment”

On ne teste pas suffisamment pour circonscrire les foyers et prévenir de futurs foyers. On le voit à Anvers. Il faut être plus radical avec un dépistage plus massif. Celui-ci doit être à l’échelle d’un quartier, d’une commune car ça n’a aucun sens de dépister tout le monde. Il faut tester autour de ces foyers pour éviter des étincelles qui donneront d’autres foyers“, souligne, lui aussi, l’épidémiologiste et professeur à l’École de santé publique à l’ULB Yves Coppieters, dans les colonnes de Sudpresse.

Entre début mars et le 27 juillet, le nombre total de tests effectués par les laboratoires en Belgique s’élevait à 1.154.457. Depuis le 10 avril, 420.995 tests ont été réalisés par la plateforme nationale de tests en maisons de repos, autres collectivités résidentielles et centres de triage. Le pays dispose aujourd’hui d’une capacité de 40.000 tests par jour mais seuls 8.000 à 12.000 sont réalisés quotidiennement.

Pourquoi si peu ? “Un grand mystère”

La raison pour laquelle le dépistage massif n’est pas à l’ordre du jour est un grand mystère“, souligne Yves Coppieters. “Je pense qu’on teste peu car on a la volonté de rester dans des critères sélectifs. Pour moi, il y a une volonté du politique ou des experts de maintenir ces critères pour ne pas utiliser les tests de façon abusive, pour rationaliser. On craint un certain gaspillage. Peut-être anticipe-t-on des éléments futurs plus graves mais c’est une erreur de santé publique. La démarche via le généraliste et puis un centre de tri est aussi trop compliquée.

Moins de tests à Bruxelles

Du 10 au 23 juillet, le nombre de tests pour 10.000 personne était approximativement de 104 à Bruxelles, caculons-nous à partir du nombre de tests général indiqué par l’Echo. A Anvers, il était de 182, 178 en Limbourg, 187 en Flandre Orientale, 131 en Flandre Occidentale et de 116 en Hainaut. On constate donc que Bruxelles teste proportionnellement moins sa population. Pourquoi y-a-t-il moins de tests effectués à Bruxelles ? “Parce qu’il y a moins de malade et de symptômatiques à Bruxelles“, nous répond le cabinet d’Alain Maron, ministre bruxellois en charge de la Santé. Pourtant, à nouveau ramenés à 10.000 habitants, il y a moins de cas testés positifs sur la semaine écoulée au Limbourg ou en Flandre Occidentale…

La Région bruxelloise a quant à elle annoncer sa volonté d’augmenter la capacité de tests d’ici le début du mois de septembre, et si possible plus tôt, pour la faire passer de 2.000 à 4.000, voire 5.000 par jour, a indiqué mardi le ministre bruxellois de la Santé, Alain Maron (Ecolo) après une concertation avec la Commission Communautaire Commune, et les représentants des fédérations d’hôpitaux, et de médecins.

Actuellement, quatre centres de tests sont opérationnels (dans les hôpitaux) à Bruxelles. On en dénombrait 13 il y a quelques semaines.

■ Reportage de David Courier, Thierry Dubocquet et Lola Depaepe

Belga et rédaction