Comment gérer son stress à l’ère post-covid ?
La pandémie a engendré chez beaucoup de personnes un stress et un mal-être. La santé mentale a été mise peu en avant durant les premiers temps. Or, elle est un élément capital de la santé et surtout, elle était déjà fragilisée par un fonctionnement de société qui conduit beaucoup de femmes et d’hommes vers la fatigue chronique, la dépression et le burn-out. Dans son ouvrage Prenez soins de vous, le psychiatre aux cliniques universitaire Saint-Luc, Xavier de Longueville, explique les raisons de stress et surtout comment le combattre.
C’était important de faire le point sur ce que nous avions vécu d’un point de vue stress?
Cette épidémie est venue bousculer notre façon de fonctionner et a amené de nouvelles questions et le fait que cela soit soutenable pour les personnes. Il fallait réfléchir sur notre façon de fonctionner dans notre quotidien.
Le stress est le mal du siècle. Comment en est-on arrivé là?
Les choses sont compliquées. Il y a différents phénomènes. Il y a la suradaptation, cette façon de vouloir correspondre aux attentes des autres, à s’oublier un peu. On a aussi la question du sens. Doit-on penser à soi? Quelles sont nos valeurs? Il n’y a plus un sens prémâché. L’hyperconnectivité ne correspond pas non plus aux capacités de notre cerveau. Les jeunes ne peuvent pas passer 30 secondes sans être dérangés par un message et cela est nouveau donc générateur de stress.
On parle de suradaptation avec des messages en disant qu’il faut se bouger. Existe-t-il des profils types pour le burn-out?
Dans la consultation, on se rend compte que certaines personnes sont plus enclines à tomber dans la dépression comme les personnes perfectionnistes, qui manquent d’estime d’elles-mêmes et vont la chercher ailleurs et si on la trouve pas, on va encore plus faire d’effort. on est dans un cercle vicieux. Mais cela remet aussi la pression sur les gens alors que ce sont eux les victimes. Ce sont celles qui correspondent le mieux aux critères de la société qui sont le plus enclins à tomber malade.
L’ego n’est pas toujours bien vu, tout comme les émotions. Dans votre livre, vous dites qu’on devrait plus les écouter et retrouver aussi l’estime de soi en s’imposant.
L’ego ou les émotions ont mauvaise presse. On devrait tous être des êtres raisonnables mais c’est un leurre. Les émotions représentent 90% de notre prise de décision. On a d’abord peur et ensuite on réfléchit. La question n’est pas d’être égoïste et d’écraser les autres mais d’arriver à se comprendre soi-même pour prendre sa place parmi les autres de manière sereine et pas dans la domination. Ici, c’est la question d’avoir des relations avec la confiance et la symétrie dans les relations.
A l’école, on apprend la compétition avec la notation notamment. Est-ce que ce n’est pas le berceau de tous les maux qui vont découler dans notre vie d’adulte?
Oui l’école est à l’image de la société. Elle n’est pas en dehors du fonctionnement social. C’est à l’école qu’on apprend à répondre à l’exigence de ses profs. On ne leur dit pas que pour être heureux, il faut comprendre ses émotions.
Il existe des stratégies d’adaptation au stress. Le monde d’après ne fait-il pas partie des stratégies pour mettre à distance et combattre ce stress engendré par la pandémie?
Je pense qu’il faudrait des cours d’empathie à l’école pour comprendre nos émotions et celles des autres. Si on sait comment on peut gérer son stress, cela serait certainement des bonnes manières de plus travailler sur le bien-être de gens et ne pas être que des citoyens productifs.
■ Interview de Xavier de Longueville, psychiatre aux cliniques universitaires Saint-Luc par Vanessa Lhuillier