Colonisation, ethnographie et biologie : trois nouvelles initiatives de recherche bientôt financées par le fédéral

Le Conseil des ministres s’est accordé sur le sujet vendredi.

Heureux cadeau, à quelques jours de Noël, pour le secrétaire d’État à la Politique Scientifique, Thomas Dermine (PS), qui plaidait en ce sens : une marge de 3.485.000 euros a été constatée dans les crédits d’engagement fédéraux, suite à un contrôle interne et un ajustement des budgets prévus dans les allocations pour les programmes nationaux de recherche.

Ainsi, le Conseil des ministres s’est accordé ce vendredi pour allouer ce montant à trois initiatives de recherche prioritaires.

La “Résolution-Métis”

Un premier projet, nommé “Résolution-Métis“, sera poursuivi prochainement par les Archives générales du Royaume, durant quatre ans. “Il vise une enquête historique détaillée sur le rôle des autorités civiles et ecclésiastiques dans le traitement des métis pendant la période coloniale au Congo belge et au Ruanda-Urundi“, précise le cabinet de Thomas Dermine, qui indique lui-même qu’il est “important de répondre de manière à la fois professionnelle et humaine aux légitimes demandes des métis et de leurs ayants-droit qui sont désireux de retracer leur histoire personnelle et de retrouver leurs origines”. Les résultats de cette enquête seront ensuite présentés à la Chambre.

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Une première phase du projet avait été entamée en septembre 2019 (au cours de laquelle, durant quatre ans, des recherches sont menées pour documenter les parcours individuels et collectifs de métis et offrir la possibilité à ceux qui le souhaitent d’accéder à ces archives), auquel s’ajoute désormais une convention de coopération entre le SPF Affaires étrangères, Commerce Extérieur et Coopération au Développement, et les Archives de l’Etat. “Avec le lancement de la deuxième phase du projet de recherche, nous répondons à l’appel légitime des métis nés dans le contexte de la colonisation. Nous poursuivons ainsi l’engagement du gouvernement de soutenir le travail collectif de mémoire tout en facilitant la reconstruction de leur histoire individuelle et de leur identité. Cette phase représente une nouvelle étape importante vers une meilleure connaissance de notre histoire, concrétisant ainsi le vœu d’une société renforcée par la conscience de son passé et résolument tournée vers un avenir de tolérance”, commente la Vice-première ministre et ministre des Affaires étrangères, Sophie Wilmès (MR).

Quant au second volet, portant donc sur le rôle des autorités, “nous voulons contribuer à rétablir les liens familiaux et faire en sorte que chacun ait une vision de ce qui s’est exactement passé. J’espère que cette initiative pourra leur apporter un soutien en ce sens“, indique Meryame Kitir (Vooruit), ministre de la Coopération au développement.

Deux autres projets au musée de Tervueren

De même, une partie de la somme permettra de mener une recherche au Musée royal de l’Afrique centrale à Tervueren, sur la provenance de leur collection ethnographique. “Ce projet de quatre ans fournira des informations sur l’acquisition des principaux objets du MRAC et notamment de ceux qui seraient visés par une demande de restitution“, précise le cabinet du Secrétaire d’État.

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Le reste du montant permettra au Musée royal de l’Afrique centrale, conjointement avec l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, de s’intéresser aux échantillons biologiques d’organismes et tissus avec un intérêt politique (BopCo) pour en permettre l’identification : “le projet vise à accorder un financement de 18 mois à BopCo, période pendant laquelle des alternatives seront recherchées pour transformer BopCo en un centre d’excellence stable et permanent“, conclut le cabinet fédéral.

 

ArBr – Photo : Belga (illustration)