Cinéma : seulement 36% des films belges francophones sont réalisés par des femmes

Le cinéma belge francophone continue d’être un milieu opaque et très genré. C’est en tout cas ce qui ressort d’une étude lancée par ‘Elles font des films’ et l’UCLouvain qui confirme les inégalités de genre dans ce secteur. Sarah Carlot, scénariste et membre de ‘Elles font des films’ était l’invitée du 12h30.

En Belgique francophone, seulement 36% des films sont réalisés par des femmes ces 10 dernières années. Ce chiffre englobe à la fois les films documentaires, courts et longs-métrages, mais un plafond de verre est visible rapidement, surtout pour les longs-métrages. En effet, il n’y a plus que 21% des deuxièmes et troisièmes longs-métrage qui sont réalisés par des femmes.
Pour Sarah Carlot, : “Ces chiffres ne sont pas surprenants. On constate une évaporation des femmes dès la sortie de l’école de Cinéma, pourtant paritaire. Et films après films elles disparaissent encore plus.”
Elle explique ces résultats par plusieurs raisons, comme la charge mentale familiale qui repose encore beaucoup sur les femmes, le manque de confiance quand il s’agit de laisser une femme mener un projet avec un gros budget et l’entre-soi masculin du milieu.
Lorsqu’un film est réalisé par une femme, le nombre de femmes engagées au niveau des métiers techniques augmente aussi. : “Derrière le plafond de verre des réalisatrices, il y a aussi un plafond de verre pour toutes les techniciennes” explique Sarah Carlot.

Légiférer

Pour palier ce phénomène, ‘Elles font des films’ proposent de penser à des mesures politiques, pour encourager à davantage de mixité. Sarah Carlot évoque notamment la France et le collectif 50/50. Il s’agit d’un bonus de 10 à 15% accordé lorsque l’équipe est paritaire.

Si les femmes ne sont pas absentes du monde du cinéma, elles sont cantonnées aux clichés qu’on leur porte : 94% des maquilleuses sont des femmes contre seulement 1% des chefs machinistes.

Pour Sarah Carlot, il s’agit d’un problème d’éducation, et l’école a un rôle important à jouer pour aider les femmes à prendre la parole en public notamment.

Rôles principaux

L’étude menée par l’UCLouvain et ‘Elles font des films’ souligne un autre aspect où les femmes sont absentes : les rôles principaux. En effet, 60% sont des hommes, 80% sont blancs et 40% sont issus de classe populaire. Il y a donc un gros manque de diversité.

C’est un peu le serpent qui se mord la queue : “Les films sont faits par des gens qui représentent ceux qui leur ressemblent, et financés par des gens qui leur ressemblent” conclue Sarah Carlot.

■ Interview de Sarah Carlot, scénariste au micro de Fanny Rochez et Vanessa Lhuillier

 

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23 juin 2023 - 14h47
Modifié le 23 juin 2023 - 14h48