CHORUS : un nouveau réseau hospitalier à Bruxelles, le plus grand du pays
Un maxi-réseau hospitalier a vu le jour, autour de l’ULB. Son nom : CHORUS
Le projet était en négociation depuis plusieurs années, suite à la réforme lancée par Maggie De Block (Open VLD), alors ministre de la Santé : celle de la création de réseaux loco-régionaux pour les hôpitaux du pays. Et Bruxelles ne fait pas exception à la règle, avec la création d’un troisième et dernier réseau dans la capitale. Ainsi, les hôpitaux laïcs, dont les médecins sont majoritairement issus de l’ULB, sont désormais rassemblés au sein du réseau CHORUS, dont la création a été validée par les différents conseils d’administrations, annoncent ce vendredi La Libre et La Dernière Heure.
Le réseau CHORUS rassemble donc désormais seize sites hospitaliers dans la capitale (et un centre médical), soit 4.466 lits. On y retrouve donc cinq hôpitaux publics, le CHU Brugmann, l’Institut Jules Bordet, le CHU Saint-Pierre, l’Hôpital des Enfants Reine Fabiola et les Hôpitaux Iris-Sud, et les deux hôpitaux privés que sont Erasme et le CHIREC.
Chorus, qui vient donc se rajouter aux deux réseaux déjà existants à Bruxelles : H.uni pour les hôpitaux chrétiens (Clinique Saint-Jean, Cliniques Universitaires Saint-Luc, Cliniques de l’Europe et Clinique Saint-Pierre d’Ottignies) et CUROZ pour les hôpitaux flamands (l’UZ Brussel, qui s’associe ici à des hôpitaux du Brabant flamand).
Mais quel changement ce nouveau réseau va-t-il apporter pour les patients ? “On va pouvoir faire des pôles médicaux qui sont beaucoup plus grands, avec de plus grands volumes et des trajets de soin beaucoup plus fluides pour les patients“, explique le Dr Philippe El Haddad, directeur général médical du CHIREC, “Et c’est surtout la complémentarité entre les institutions et la pérennisation de toutes les conventions. Dans ce réseau, il y a un hôpital académique, Erasme, avec qui on travaille beaucoup en cardio, en chirurgie de l’oesophage ou du pancréas, en anapath (et le fait que Bordet se mette à côté d’Erasme) : tout cela ensemble, pour les pathologies plus lourdes, compliquées, il y aura un pôle académique là où les trajets de soins seront beaucoup plus fluides entre nos institutions et eux“. Ainsi, par exemple, un patient habitant à Auderghem devrait pouvoir recevoir à Delta une radiothérapie prescrite par Bordet, sans devoir se déplacer jusqu’à Anderlecht.
L’union fait la force
Outre les changements pour les patients, la mise en réseau pourrait aussi bénéficier aux hôpitaux eux-mêmes, augmentant ainsi leur poids macro-économique, par exemple lors de la négociation de certains contrats. “On aura un poids beaucoup plus important, et ce sera sûrement plus intéressant de pouvoir mettre les achats ensemble, la pharmacie, la stérilisation, etc“, indique Philippe El Haddad, rejoint par son collègue Benoît Debande qui ajoute que “le fait d’être mis en réseau et de se parler va permettre de probablement accélérer des choses qui se seraient faites un jour naturellement. Ici, avec tous les aspects des services logistiques au sens large, il y a probablement beaucoup de choses à faire. Alors, à quelle vitesse, selon quelles mesures ? Il ne faut pas non plus faire des mammouths pour le plaisir, il faut que ce soit efficace et rentable, puisque l’objectif est de faire des économies d’échelle. Je crois que l’avantage d’être dans un réseau est d’avoir une structure pour se parler“.
Reste que le réseau garantira une indépendance financière des hôpitaux, et qu’un conseil médical veillera à ce que certaines dérives ne se produisent pas, comme déplacer un soignant d’un hôpital à un autre.
Interview des Drs Philippe El Haddad, directeur général médical du CHIREC, et Benoît Debande, directeur général administratif et financier
“Un accouchement dystocique“
La naissance de CHORUS aura néanmoins été semée d’embûches : Philippe El Haddad parle d’un “accouchement dystocique“, avec des complications. Alors même que la création du réseau aurait du se produire pour le 1er janvier 2020, la crise sanitaire sera passée par là, et les négociations ont été compliquées en interne : certains hôpitaux publics craignant de collaborer en réseau avec des hôpitaux privés, précisent nos confrères.
Car jusqu’ici, les deux entités étaient bien séparées, entre le réseau IRIS regroupant les hôpitaux publics, et les hôpitaux privés. Le réseau IRIS continuera néanmoins d’exister, en parallèle de Chorus : “Nous gardons notre ADN d’hôpitaux publics, au sein de l’ensemble IRIS, avec sans changement la mission d’accueillir tout le monde sans discrimination, d’offrir un service universel le plus proche du patient possible“, nous confirme Etienne Wéry, administrateur délégué d’IRIS, “La volonté a été de rapprocher les hôpitaux qui sont par ailleurs partenaires sur un tas d’autres activités médicales : cela faisait sens d’avoir une complémentarité entre public et privé sur une offre de soins“.
Interview d’Etienne Wéry, administrateur délégué du réseau IRIS
ArBr – Photo : Belga (illustration)