Charles Michel : “Les travailleurs du Samusocial ont pris un coup de poing dans la figure”
Les questions autour de la gestion de l’ASBL Samusocial, majoritairement financée par des fonds publics, se sont multipliées lors de la séance plénière de la Chambre de ce jeudi après-midi. De nombreux députés ont demandé au gouvernement que le sujet soit désormais sur la table du fédéral, notamment sur la question des subsides publics accordés à ces associations.
“Nous demandons que la transparence soit faite et qu’on connaisse tous les mandats privés et publics des personnes qui gèrent ces ASBL”, propose ainsi le député liégeois du PTB Raoul Hedebouw. “Il faut nettoyer les écuries d’Augias“, demande fermement le député Open VLD Vincent Van Quickenborne, accusant les autorités bruxelloises de “profiter” de ces mandats pour s’enrichir. “Je suis scandalisée : après le Kazakhgate, après Publifin, après les scandales en Flandre, voici le Samusocial. S’enrichir avec les dons de citoyens, sur le dos des sans-abri, pour des réunions qui ne se sont jamais tenues, c’est scandaleux”, ajoute la députée Groen Meyrem Almaci.
“Même si ces réunions avaient eu lieu, subsiste la question de savoir si un homme politique doit encore être indemnisé alors qu’il touche déjà de l’argent en tant que responsable politique“, estime pour sa part Nahima Lanjri, députée CD&V, qui demande des sanctions de la part du Premier ministre Charles Michel (MR) envers les personnes concernées par ce dossier du Samusocial.
Charles Michel a d’abord rendu “hommage aux travailleurs qui se mettent au service des démunis” après “le coup de poing dans la figure qu’ils ont reçu suite aux informations qui ont été révélées“. Le conseil des Ministres va ainsi décider la semaine prochaine de prolonger l’audit demandé à l’inspection des Finances sur le Samusocial, à toutes les organisations consacrées à la lutte contre la pauvreté. “Lorsqu’une structure est financée massivement par de l’argent public, il n’y a pas de place pour l’opacité, la transparence doit être totale ! Il n’y a pas besoin de loi pour ça, il faut faire respecter cela”, ajoute Charles Michel. “C’est à cette assemblée de montrer l’exemple, de faire la clarté sur les conflits d’intérêts, de faire la clarté sur les mandats. Il y a trop de mandats publics, il va falloir mettre de l’ordre par rapport à cela“.
Pour sa part, la secrétaire d’État à la politique des grandes villes et à la lutte contre la pauvreté Zuhal Demir (N-VA) a tenu le même discours : “Un budget a été transmis au Samusocial en demandant d’assurer une série de services. Ce qui se passe donc actuellement est un coup de poignard dans le dos des sans-abri et dans le dos des volontaires et travailleurs“, confie-t-elle. “Nous avons demandé à l’ASBL que 300 sans-abri soient accueillis par le Samusocial chaque nuit, avec un petit-déjeuner, un lit et une douche pour chacun. Nous avons mobilisé de l’argent du contribuable, et je vais vérifier que cet argent a bien été utilisé pour l’accueil de ces sans-abri. Nous n’allons toutefois pas abandonner les sans-abri à leur sort. Nous allons voir comment nous allons pouvoir organiser l’accueil l’hiver prochain, notamment. Cela reste une priorité pour les autorités fédérales”.
Elle a toutefois évité les questions concernant ses propos sur l’accueil des sans-abri durant l’hiver par le Samusocial. Selon le cabinet de Zuhal Demir, l’ASBL avait “accueilli beaucoup de migrants en transit” l’hiver dernier, “des personnes qui n’ont pas le droit de séjourner sur le territoire belge”. (Gr.I., photo Belga/Nicolas Maeterlinck)
- Reportage d’Elisabeth Groutars et Marjorie Fellinger.