Ce qu’il faut retenir des 10 mois de procès pour les attentats du 13 novembre à Paris
Après 10 mois de procès, les juges doivent rendre leur verdict ce mercredi soir dans le dossier des attentats de Paris du 13 novembre 2015. Parmi les 20 accusés, on compte une partie de Bruxellois. Que retenir de ce procès exceptionnel?
Le procès a été très bien organisé dans l’ensemble. Le covid a fait reporter quelques séances. Ensuite, on retiendra l’importance des débats oraux. Il y a eu des moments très forts, comme les témoignages des parties civiles qui ont duré plusieurs semaines. Pendant des jours, des survivants ou des proches de victimes se sont succédé à la barre pour raconter leur histoire. Certains ont accordé leur pardon. D’autres ont simplement exprimé leur ressenti. Il y a même eu des interactions entre les parties civiles et certains accusés. Et visiblement, cela a fortement marqué les deux parties.
Des révélations sur le fond
Deux révélations importantes ont été faites. La première concerne Mohamed Abrini. Il a révélé qu’il était prévu pour les attentats du 13 novembre. C’est Abdelhamid Abaoud lui-même qui l’aurait recruté 2 mois avant. Mais il affirme avoir renoncé à y participer quand il a appris la vraie nature du projet la veille.
La deuxième révélation concerne Salah Abdeslam. Il a livré sa version des faits. Selon lui, il devait se faire exploser dans un bar du 18e arrondissement de Paris, mais il aurait renoncé après avoir vu les clients, des jeunes, s’amuser dans ce bar. Le Parquet maintient l’hypothèse d’un défaut de fabrication de sa ceinture explosive. Pourquoi ne s’est-il pas fait exploser ce soir-là ? Ce sera à la cour d’assises de trancher.
Changement de comportement chez Abdeslam
Le premier jour, le président de la cour lui demande sa profession. Il répond combattant de l’Etat islamique. Dans son attitude, il est plutôt froid, réservé, renfermé même, exactement comme il était lors du procès à Bruxelles en 2018 pour la fusillade de la rue du Dries, où il a écopé de 20 ans de prison.
Au fil des audiences, son comportement a changé. Pour la première fois, il a parlé lors de ses auditions. Il a été jusqu’à présenter ses excuses en pleurs aux victimes.
La longueur de ce procès peut expliquer ce changement de comportement. Entendre les parties civiles, avoir vu du monde, avoir pu échanger aussi avec les autres accusés, qui sont des connaissances à lui ou des amis, peuvent expliquer sa nouvelle attitude. En somme, il a pu avoir à nouveau des contacts sociaux.
Salah Abdeslam est resté pendant 6 ans en isolement. Reste à savoir s’il fera la même chose pour le procès des attentats de Bruxelles. Idem pour les autres accusés.
►Attentats de Paris: la perpétuité incompressible requise contre Salah Abdeslam
La séance démarre ce mercredi à 17h.
■ Analyse de Camille Tang Quynh