Bart De Wever répond aux critiques sur le budget : “L’effort demandé est juste et proportionné”
Le Premier ministre, Bart De Wever, a justifié une nouvelle fois devant la Chambre les mesures prises par le gouvernement en vue d’assainir les finances publiques. Une partie d’entre elles repose sur les épaules des citoyens mais, à ses yeux, l’effort est “juste et proportionné”.
Vendredi, à 12h30, le chef du gouvernement fédéral a repris la parole pour répondre aux députés, quarante-huit heures après son discours sur l’état de l’union. Jeudi et vendredi, la majorité et l’opposition ont débattu longuement des mesures annoncées. Bon nombre d’interventions ont porté sur l’indexation plafonnée des salaires, pensions et allocations sociales qui s’appliquera deux fois durant la législature.
“L’indexation est maintenue et il n’y aura pas de saut d’index”, a affirmé le Premier ministre. “Je comprends que chacun préfère voir son salaire augmenter du montant le plus élevé possible, mais présenter ces deux indexations plafonnées comme un bain de sang social est un peu grotesque. La vérité, c’est que dans la plupart des pays, l’indexation automatique n’existe pas. Je pense que l’effort que nous demandons avec cette mesure, vu notre situation budgétaire catastrophique, est juste et proportionné”, a-t-il souligné.
De nombreuses critiques ont aussi visé les hausses de TVA sur certains produits, dont les plats à emporter. Rarement, la Chambre aura autant discuté du sort des friteries. Il y a près de 20 ans de ça, M. De Wever évoquait régulièrement sa fréquentation d’une friterie anversoise. Il s’y rend toujours et dit ne pas avoir peur de discuter avec son patron. “Tout comme pour d’autres PME, je pourrais lui citer une longue liste de mesures favorables aux entrepreneurs que ce gouvernement met en œuvre”, a-t-il expliqué. “Ce n’est pas pour rien que les organisations représentant les entrepreneurs sont globalement positives à l’égard des réformes (…) Les entrepreneurs savent mieux que quiconque que des efforts sont nécessaires.”
Il y a un peu moins d’un an, Bart De Wever s’installait au 16 rue de la Loi, devenant de la sorte le Premier nationaliste flamand à diriger un gouvernement fédéral. Le Vlaams Belang n’a pas manqué durant le long débat à la Chambre de pointer du doigt des renoncements de l’ex-président de la N-VA à ses revendications institutionnelles. La chef de groupe VB, Barbara Pas, a ouvert son intervention en comparant la N-VA au CVP de Jean-Luc Dehaene, “un parti de régime qui reste au pouvoir”, et Bart De Wever à un “vieux Premier minsitre belge”.
“Les politiciens flamingants ont le choix. Soit nous tendons la main à des partenaires constructifs du sud du pays et nous nous attaquons aux déséquilibres existants. Pour ce faire, nous augmentons la prospérité de tous les travailleurs de ce pays et nous rendons notre politique sociale plus équitable. Soit nous tournons une nouvelle fois la minuterie, en attendant le moment qui ne viendra jamais. Après tout, c’est une vie facile et bien rémunérée que de rester assis ici à crier et à exprimer votre mépris. Je pense pouvoir dire que je mène une vie difficile. Mais je suis heureux d’être dans l’arène. Car c’est l’homme dans l’arène qui compte. Pas celui dans les tribunes”, a répondu M. De Wever.
Pendant près de vingt heures, l’opposition a tenté d’en savoir plus sur les modalités des mesures annoncées, en vain la plupart du temps. Il faudra attendre le dépôt du budget et des projets de loi pour y voir plus clair. La Chambre a d’ores et déjà accordé l’urgence au texte sur le retour à l’emploi des malades de longue durée.
“Vous prenez des mesures injustes et brutales dont vous reconnaissez que vous n’en connaissez pas l’impact. Mais il ne s’agit pas de détails techniques, il s’agit de la vie des gens”, a répliqué le chef de groupe PS, Pierre-Yves Dermagne.
Le PTB a annoncé qu’il mettrait tout en oeuvre pour empêcher l’entrée en vigueur au mois de janvier des lois qui appliqueront le plafonnement de l’index. “Vous avez menti: vous aviez promis de mieux rémunérer les travailleurs et, aujourd’hui, vous faites l’inverse”, a souligné Sofie Merckx.
Sarah Schlitz (Ecolo-Groen) a comparé l’accord budgétaire à une “punition collective”. “Vous ne cherchez pas à résoudre les problèmes des gens. Pire, vous les aggravez”, a-t-elle dit.
Quant à Alexia Bertrand (Open Vld), elle a reproché à Bart De Wever de trop se laisser guider par ses partenaires Vooruit et CD&V “qui font de tous les entrepreneurs des fraudeurs potentiels”. “Ce gouvernement est celui des taxes, taxes, taxes”.
Le mot de la fin est revenu à François De Smet (DéFI). L’unique député amarante ne croit pas que la mini-crise budgétaire qu’a traversé le gouvernement sera la dernière. “Ce n’est pas un détail: ce gouvernement a déjà passé plus de temps à négocier qu’à gouverner”, a-t-il fait remarquer en comparant la coalition Arizona à une “Vivaldi en perpétuelle fragmentation”.
Belga





