Aucun modèle de véhicule attribué à Audi Brussels pour les prochaines années

Aucun modèle de véhicule ne sera attribué à Audi Brussels par le groupe Volkswagen (auquel Audi appartient), ont appris mardi les syndicats lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire. L’information été confirmée par la direction.

“Aucun projet automobile ni volume de production n’est sur le planning pour les prochaines années pour notre usine. Ce qui signifie une fermeture”, indique le front commun syndical dans un communiqué. “C’est une très mauvaise nouvelle, une tournure que nous n’avions pas prévue”, a déploré Pascal Debrulle, délégué FGTB. “Nous espérions encore l’attribution d’un nouveau modèle, mais il n’en sera rien.”

Quatre projets alternatifs pourraient être proposés et devront être clarifiés lors du prochain conseil d’entreprise extraordinaire prévu le 17 septembre. “Si des alternatives se présentent, elles pourraient sauver 200 à 300 emplois, pas plus”, estime Pascal Debrulle. L’hypothèse d’une reprise par un constructeur chinois, évoquée ces dernières semaines, est perçue avec un peu plus d’espoir par le syndicaliste, qui y voit la possibilité de sauver davantage d’emplois.

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Malgré l’incertitude, le délégué syndical CNE Ludovic Pineur reste, lui, optimiste : “On va se battre pour sauvegarder un maximum d’emplois. La direction n’a pas précipité la clôture de la phase 1 de la loi Renault (qui régit les licenciements collectifs, NDLR), ce qui est un signe positif. Leur projet initial prévoyait le départ de 1.510 travailleurs le 31 octobre, mais on n’en a même pas parlé aujourd’hui. Tant que la phase 1 est en cours, ils ne peuvent pas licencier. Moins vite on clôture cette phase, plus longtemps les gens garderont leur salaire, et les chômeurs économiques ne seront pas mis dehors du jour au lendemain“, a-t-il expliqué.

Pour le délégué CNE, la situation dépasse largement le cadre d’Audi Brussels. “L’issue de cette crise dépendra fortement des décisions politiques, tant au niveau belge qu’allemand”, analyse-t-il. “J’en appelle à la responsabilité des gouvernements pour préserver les emplois européens. Le gouvernement allemand va-t-il sauvegarder les emplois de Volkswagen (après l’annonce d’une fermeture d’usines allemandes, NDLR)?”, s’interroge-t-il, espérant une réaction forte des pouvoirs publics pour éviter une délocalisation massive hors d’Europe. Par ailleurs, la direction d’Audi Brussels a annoncé le départ de son CEO, Volker Germann, qui quittera ses fonctions le 15 septembre prochain. Son successeur, Thomas Bogus, prendra ses fonctions à cette date. L’arrivée du nouveau CEO, qui est un “manager de crise” a-t-on appris, n’est pas de bon augure pour le syndicaliste de la CNE vu le contexte actuel. Après cette annonce, la reprise progressive de la production, prévue à partir de mercredi, sera en tout cas perturbée.

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Les syndicats n’excluent pas des mouvements de grogne spontanés. “Je n’y crois pas, les ouvriers n’accepteront pas de reprendre dans ces conditions-là”, a estimé Pascal Debrulle. Du côté des sous-traitants, également impactés par la situation et censés reprendre le travail dès demain/mercredi après une période de chômage économique, la colère gronde également. “La grogne risque d’être encore plus forte chez eux”, prévient Ludovic Pineur.

La direction envisage de reprendre avec deux équipes et une cadence de quinze voitures par heure cette semaine. Une grande manifestation des travailleurs d’Audi Brussels est par ailleurs prévue le 16 septembre prochain dans la capitale. “Plusieurs délégués des syndicats allemands de Volkswagen pourraient se rendre à Bruxelles ce jour-là, pour protester après l’annonce de VW d’envisager, pour la première fois de son histoire, la fermeture d’usines en Allemagne”, a indiqué Ludovic Pineur.  Audi Brussels a annoncé, début juillet, son intention de procéder à une restructuration. La direction a expliqué qu’elle cesserait plus tôt que prévu la production du modèle Q8 e-tron, dernière voiture à être assemblée à Forest. Le constructeur automobile allemand est aux prises avec une surcapacité et l’usine de Bruxelles – l’ancienne Volkswagen Forest – paie le prix de coûts de production plus élevés par rapport aux autres sites d’Audi. Jusqu’à 1.500 personnes pourraient perdre leur emploi cette année, suivies de 1.100 l’an prochain.

Pour le PTB, il faut maintenir l’activité industrielle

“C’est une décision irresponsable, qui ne tient pas compte des atouts de l’usine bruxelloise, ni des investissements dont le site a bénéficié”. C’est en ces termes que le député fédéral PTB Nabil Boukili qualifie, mardi dans un communiqué, la décision d’Audi de n’attribuer aucun modèle de véhicule à l’usine automobile de Forest. Les syndicats ont appris cette information lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire.

Pour Nabil Boukili, l’usine d’Audi est hyper moderne, elle a l’avantage de pouvoir rapidement modifier sa production pour y construire un modèle thermique, électrique ou hybride. “Cette flexibilité est justement recherchée par le groupe VW”, précise le député PTB, cité dans le communiqué. L’élu communiste appelle les politiques “à se mobiliser aussi à la manifestation du 16 septembre, qui vise au-delà de la situation à Audi”.

Belga

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03 septembre 2024 - 16h11
Modifié le 11 septembre 2024 - 14h03