Ambassadrice des femmes scientifiques, la Bruxelloise Sigrid Maebe se rendra l’an prochain en Antarctique

INFO BX1 | Elle participe au Homeward Bound, une initiative pour le leadership des femmes dans le milieu des sciences et de la technologie.

Voilà plusieurs années que le Homeward Bound entend offrir plus de leadership aux femmes et “ouvrir la voie à un monde plus diversifié, inclusif et durable“, en organisant depuis 2016 des expéditions entièrement féminines en Antarctique. Ainsi, plus de cinq cent femmes scientifiques, actives dans les STEMM (sciences, technologie, ingénierie, mathématiques et médecine) ont été déjà sélectionnées à travers le monde pour participer à ce programme. Trois Belges en font désormais partie, parmi lesquelles une Bruxelloise.

Ainsi, Sigrid Maebe, 52 ans, s’envolera en novembre 2023 vers l’Argentine et Ushuaia, puis l’Antarctique, au sein de la cinquième cohorte de Homeward Bound (“TeamHB5”), dont le navire partira du 3 au 22 novembre.

Il y avait environ 350 femmes qui avaient fait une demande pour faire partie de la cinquième cohorte, quand je l’ai faite à mon tour. Les documents n’étaient pas faciles à remplir, et j’ai fait un petit filme pour expliquer mes motivations. Homeward Bound a fait sa sélection, sur base de ma formation, du travail que je fais, de ma vision concernant le leadership, de ma volonté d’apprendre et de ma volonté de diffuser le message de l’importance des femmes dans la science“, nous indique Sigrid Maebe.

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Un parcours professionnel inspirant

Sigrid Maebe a un parcours atypique. Diplômée de la KULeuven, “je suis biologiste marine de formation. Au sein de l’aquarium SeaLife à Blankenberge, j’ai été ‘display manager’ : j’étais responsable des aquariums, des poissons, du centre de sauvetage des phoques et des projets d’éducation. J’ai fait ce travail durant cinq ans, une période fantastique !“, nous explique-t-elle. Elle rejoint ensuite l’Institut des Sciences naturelles de Belgique, “durant seize ans. J’étais responsable de toute la communication autour des recherches concernant la mer du Nord“. Elle travaille depuis cinq ans comme communicatrice scientifique pour Belplant, l’association belge pour la protection des cultures, qui oeuvre notamment en matière d’agriculture durable.

Chez Belplant, je suis l’experte en communication : site web, contacts avec les journalistes, médias sociaux, événements, etc. La protection des plantes, c’est un secteur très intéressant, mais difficile pour communiquer. Il est très intéressant et rafraîchissant d’apprendre comment le monde agricole fonctionne“, indique Sigrid Maebe, qui précise qu’elle travaille désormais à Schaerbeek, au sein du complexe BluePoint.

Parmi les deux autres scientifiques belges à partir l’an prochain en Antarctique, on retrouve également Gudrun De Boeck, professeure au département de biologie de l’Université d’Anvers, et Céline Hanzen, écologue et cheffe de projet chez Biotope Environnement à Étalle. Ces dernières feront partie de la sixième cohorte de femmes, “qui partira quelques jours après notre groupe, avec un autre navire“, précise Sigrid Maebe.

Sigrid Maebe (à droite), avec Gudrun De Boeck (au centre) et Céline Hanzen (à gauche)

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Un voyage attendu depuis longtemps

Si le voyage devait avoir lieu en 2020, celui-ci a été reporté en raison de la pandémie. “Je suis vraiment ravie d’y aller. Pour moi, l’Antarctique représente la beauté immense, et en même temps la vulnérabilité de la Terre. C’est un rêve d’enfance d’y aller“, relate Sigrid Maebe, “Comme toutes les autres participantes du Homeward Bound, je me rends compte d’être privilégiée d’y aller. Nous sommes convaincues que ce voyage fera de nous des ambassadrices de la glace, pour parler de cette beauté vulnérable de l’Antarctique et de la Terre“.

Elle précise également que, si ce voyage aura évidemment un impact, avec une empreinte carbone importante, “nous ferons tout pour compenser au mieux les déplacements“.

Sur place, “nous continuerons notre cours de leadership à bord d’un navire : nous parlerons stratégie, visibilité, sciences, etc. Nous présenterons nos projets professionnels, pour meiux nous connaître et pouvoir travailler ensemble après notre voyage. Nous ferons aussi naturellement des sorties et des escales pour voir les manchots, les glaciers, etc“. Une visite de bases scientifiques devrait aussi être au programme.

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L’apport du Homeward Bound

Si le voyage en Antarctique sera le point culminant du cheminement de ces femmes au sein du Homeward Bound, “le reste du parcours m’a déjà donné tant de choses : la connaissance de moi-même, via des cours avec un coach personnel pour mieux comprendre notre propre caractère et comment mieux travailler avec les autres ; comment améliorer sa visibilité pour changer les choses, etc“, explique-t-elle.

Et d’évoquer aussi l’apport d’être “quatre-vingt femmes de différents domaines scientifiques, de différents pays, cultures et situations privées : il est enrichissant d’être en contact avec toutes ces femmes. Par exemple, il y a quelques semaines, la professeure australienne Susan Scott, de la seconde cohorte, est venue à Bruxelles pour recevoir un prix prestigieux en physique. Elle a demandé si, au sein du réseau, quelqu’un travaille à Bruxelles. Nous nous sommes rencontrées, nous avons mangé dans la rue des Bouchers pour parler sciences et monde durant des heures, alors qu’on ne se connaissait pas auparavant“.

 

ArBr – Photo : Facebook et Flickr / StormPetrel1 (CC BY-NC 2.0)