Altercation entre le député bruxellois Hicham Talhi et un chauffeur Uber : “C’était du contrôle social”
Une vidéo circule, montrant le député bruxellois avec le téléphone du chauffeur dans les mains.
Samedi soir, alors qu’il était en sortie en famille près de la place de la Monnaie, le député bruxellois Hicham Talhi (Ecolo) a été interpellé en voyant un véhicule s’arrêter pour prendre en charge des touristes anglophones. Le véhicule était orné d’une plaque d’immatriculation commençant par “TX”, confirmant qu’il s’agit d’un véhicule utilisé comme taxi ou LVC (véhicule de location avec chauffeur) en Wallonie. Or, les détenteurs d’une licence LVC délivrée par la Flandre ou par la Wallonie ne peuvent normalement pas prendre en charge des clients en Région bruxelloise. Les chauffeurs de taxis bruxellois avaient notamment réclamé auprès du gouvernement bruxellois pour réclamer plus de contrôles à l’encontre de ces LVC.
Hicham Talhi s’est donc approché de ce véhicule. “J’ai tapé sur la vitre du passager pour lui dire qu’il ne pouvait pas prendre en charge ces personnes”, nous explique Hicham Talhi. “Je suis ensuite retourné près de mes proches avec qui je venais de commander une gaufre. À ce moment-là, le conducteur du véhicule est sorti et il a commencé à me filmer”.
“Vous n’avez pas le droit de charger”
Des vidéos publiées ce mardi par La Capitale montrent alors la suite de la scène. Le député bruxellois est filmé au ralenti avant qu’une main vienne cacher la caméra. Sur une autre vidéo du montage réalisé par La Capitale, le député bruxellois est vu avec le téléphone du chauffeur dans les mains, et ce dernier qui tente de le récupérer.
Sur un autre extrait, sans image, Hicham Talhi répète : “Vous n’avez pas le droit de charger”, pendant que le conducteur demande au député de donner son identité.
Selon le chauffeur, qui dit être titulaire d’une licence flamande, celui-ci avait accepté cette commande… alors qu’il se trouvait en Flandre. Il affirme également qu’il pensait que le député bruxellois était un policier en civil : “Quand il a dit qu’il allait appeler la police, j’ai compris qu’il n’était pas un contrôleur. Il a empêché mon client de monter dans la voiture”, affirme-t-il dans La Capitale.
“Je n’ai jamais agressé personne de ma vie”
Hicham Talhi raconte son expérience : “J’ai pris son téléphone, car il me filmait, et je l’ai mis dans mon dos. Lui a ensuite pris mes lunettes. Il me les a finalement rendus et je lui ai rendu son téléphone. Pour moi, il s’agissait d’un contrôle social. C’est la même chose quand vous voyez deux personnes sur une même trottinette ou quelqu’un jeter un mégot de cigarette au sol : vous le signalez et vous dites à ces personnes que ça ne se fait pas. J’ai simplement rappelé les règles”.
Le chauffeur Uber affirme que le député Ecolo lui “a arraché violemment” son téléphone et qu’il a “des douleurs à l’annulaire” qui mèneraient à une incapacité de travail de 15 jours. Il dit également avoir porté plainte à la police. Le chauffeur, contacté par nos soins, n’a pu être joint à l’heure d’écrire ces lignes. Le parquet de Bruxelles, par la voix de sa porte-parole Willemien Baert, confirme qu’une plainte a bien été enregistrée pour coups et blessures volontaires et qu’une enquête est en cours.
Hicham Talhi, pour sa part, nie toute agression et blessure physique. “Il peut se sentir agressé, mais il ne s’agissait pas d’une agression. Je n’ai jamais agressé personne de ma vie. Mon casier est vierge. Dire que j’ai agressé quelqu’un, c’est excessif !”, nous dit-il, avant de s’excuser pour son geste sur Twitter : “En tant que député, je suis tenu à un devoir d’exemplarité auquel j’ai clairement failli. J’ai exprimé mon opposition au fait d’être filmé. Ce qui n’a pas empêché le chauffeur de le faire. Mon intention n’est pas agressive, mais force est de constater que mon attitude l’a clairement été, même si je n’ai en aucun cas touché physiquement cette personne. Je tiens à présenter mes excuses pour mon attitude et pour ces images, loin de la personne et du travail que je réalise au quotidien”.
Le parti Ecolo, pour sa part, confirme qu’aucun sanction ne sera prise au vu des excuses du député.
J’ai interpellé ce chauffeur en lui rappelant la législation à laquelle il contrevenait. En l’espèce, mon comportement était déplacé. Certes, dans un État de droit il appartient à chacun de respecter la législation mais il ne ressort pas de mon rôle de la faire respecter. 1/4
— Talhi Hicham (@TalhiHicham1) July 26, 2022
Gr.I. – Photo : capture vidéo La Capitale et Belga/Hatim Kaghat