Alimentation : après les fêtes, comment éliminer les excès ?
Malgré des fêtes en mode mineur, c’est une question que l’on voit revenir chaque année : comment éliminer les excès alimentaires des fêtes, et tenir ses bonnes résolutions ? Serge Pieters, diététicien et nutritionniste du sport, en charge notamment des athlètes de haut niveau à l’ADEPS, et président honoraire des Diététiciens de Langue française, donnait ses bons conseils, ce lundi, dans Toujours + d’Actu.
Les dates fixes et les régimes : pas toujours une bonne idée
Pour se reprendre en main, certains privilégient des dates fixes, comme le 1er janvier. Ce n’est pas toujours une bonne idée, selon Serge Pieters : “Il faut qu’une motivation pour perdre du poids soit une motivation intrinsèque, qu’elle soit construite. Quelqu’un qui dit ‘aujourd’hui, j’ai envie de perdre du poids, et je dois prendre un rendez-vous aujourd’hui car demain je dois avoir perdu 10 kilos’ : malheureusement, nous ne sommes pas des magiciens“.
“L’autre élément indispensable, c’est d’arrêter les régimes : tous ces régimes à la mode, comme les détox, pour 95% c’est l’échec assuré à 6 mois. Cela veut dire quoi, l’échec assuré ? Qu’ils ont peut-être perdu du poids, mais ils n’ont pas changé leurs comportements alimentaires. Ils ont bien souvent perdu beaucoup d’argent. Le problème, c’est que cela ne va pas durer : ils vont chaque fois avoir un constat d’échec“, indique le nutritionniste.
Alors, comment faire pour se reprendre en main, s’il faut éviter de partir sur une date précise, et proscrire les régimes ? “C’est une planification plus lente, plus axée sur les bases de l’alimentation : c’est de réapprendre à manger, à cuisiner, à utiliser des produits spécifiques, et de ne pas croire qu’il y a des ingrédients miraculeux, de ne pas vouloir supprimer des choses. Combien de fois je n’entends pas ‘arrêtez les féculents’ : non, les féculents ne font pas grossir ; ce qui fait grossir, c’est ce que je vais mettre avec. Si je mange un spaghetti carbonara, est-ce que ce sont réellement les pâtes qui font grossir ou peut-être la sauce ?“.
Globalement, “les objectifs doivent se limiter à maximum 500gr à 1kg de perte de poids par semaine. Si vous voulez plus, c’est possible, le corps peut le faire, mais c’est au détriment de l’organisme. Vous allez perdre de la masse musculaire, vous allez vous fatiguer, vous n’aurez plus d’énergie, et vous serez carencé dans toute une série de nutriments. Ce n’est pas ça le but. Nous, on veut perdre de la graisse“.
Et le traditionnel décrassage sportif du 1er janvier ?
Autour du 1er janvier, on voit également beaucoup (plus) de Bruxellois dans les parcs, afin de reprendre le sport, et réaliser pour certains leur traditionnel décrassage sportif du début d’année. “Si je n’ai rien fait depuis des années, et si j’ai plus de 40 ans, il est peut-être nécessaire d’aller voir son médecin pour faire un petit bilan : voir s’il n’y a pas de risques au niveau cardiaque, etc. Et puis aller progressivement“.
“Si vous avez la possibilité, essayez d’avoir un préparateur physique agréé, qui va vous aider et vous accompagner. Car il y a d’une part la technique, de l’autre tout l’aspect de motivation. Quand il fait froid, quand il neige, ce n’est pas très passionnant, il faut être motivé. Le matin, il fait noir, le soir aussi : on n’a pas spécialement envie. Mais si vous avez quelqu’un qui vous aide, ou quand nous pourrons à nouveau avoir des activités de groupe, le groupe va s’automotiver pour que vous puissiez arriver à courir normalement 5 kilomètres en 3 mois. Et ça, c’est une belle progression, et non pas de vouloir viser le marathon dans 2 mois“.
Le coronavirus a un impact sur notre manière de se nourrir
“En général, les gens ont moins fêté, moins mangé, moins exagéré cette année. Ils ont moins été dans l’abondance alimentaire, et sont revenus vers des repas normaux, avec peut-être des produits plus nobles. Mais pas comme les autres années, où c’était une course à l’abondance“, constate le diététicien, “J’aurais tendance à dire que lors de ces fêtes-ci, les gens ont pris moins de kilos que les autres années“.
Mais, plus largement, le coronavirus a également impacté les comportements alimentaires des Belges, selon ce nutritionniste. “Encore récemment, une étude tant en France qu’en Belgique a bien démontré que plus de la moitié des gens ont pris du poids durant cette période, et que les autres ont plutôt perdu du poids (et sont donc allés plutôt dans les troubles du comportement alimentaire)“, indique Serge Pieters.
■ Interview d’Arnaud Bruckner dans Toujours + d’Actu