Accueil des réfugiés : les associations ont quitté le 16, rue de la Loi mais réclament “deux mesures claires”

Les associations demandent d’urgence la mise en place d’un plan fédéral de crise.

Le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) recevait lundi une délégation d’associations qui viennent en aide aux demandeurs d’asile. La rencontre était organisée pour que les organisations proposent des actions concrètes concernant la situation préoccupante des demandeurs de protection, contraints de dormir dans les rues de la capitale.

Il s’agit de la troisième rencontre entre la délégation et le Premier ministre au sujet de l’accueil des demandeurs de protection internationale depuis le mois d’octobre. Les représentants des associations (CIRÉ, Hub humanitaire, Médecins du Monde, Médecins sans Frontières, la plateforme citoyenne, BelRefugees et Vluchtelingenwerk Vlaanderen) demandent notamment la mise en place d’un plan fédéral de crise.

Les membres de la délégation ont finalement annoncé qu’ils ne sortiraient pas du cabinet tant que des mesures concrètes de la part du Premier ministre ne seraient pas proposées. Alexander De Croo l’aurait très mal pris, serait sorti avec la liste comprenant une quarantaine de mesures réalisables, avant d’appeler la sécurité.

“C’est inadmissible, on a un gouvernement qui ne respecte pas l’État de droit. C’est une question de droits humains”, s’indigne Alexis Deswaef, co-président de la plateforme citoyenne.

Le Premier ministre est sorti de la réunion vers 12h00. Il s’est félicité des avancées faites par le gouvernement et par la secrétaire d’État, Nicole De Moor (CD&V). “On fait notre maximum. 2 000 places ont été libérées. On peut garantir aujourd’hui que les gens qui sont dehors ont la possibilité de trouver refuge”, a-t-il affirmé. C’est faux, des gens dorment dans des squats, l’a confronté Alexis Deswaef.

Les différentes organisations déplorent le manque d’action de la part de l’État belge malgré les nombreuses condamnations des instances juridiques belges et de la Cour européenne des droits de l’Homme concernant la gestion de l’asile et de l’accueil.

“Deux mesures claires”

Les différents représentants des associations ont pris la parole depuis la fenêtre de la salle occupée, peu avant 13h00. “Nous avons proposé deux mesures claires : la mise en place du plan de crise fédéral et l’ouverture de 1 000 places d’accueil“, a déclaré Sotieta Ngo, directrice du Ciré. Les différents membres des associations ont décidé de rester dans la salle, jusqu’à ce que ces deux mesures concrètes soient mises en place.

À l’issue de la rencontre entre les organisations et le Premier, il lui a été proposé d’activer la phase fédérale de crise endéans les 48 heures. Les associations déplorent une situation inédite. “On n’a jamais vu ça en Belgique. D’habitude, on fait face à ce genre de situation dans des zones de conflit“, affirme David Vogel, chargé de plaidoyer pour Médecins sans Frontières. La situation dans la rue des Palais inquiète particulièrement les associations. D’après elles, sans réquisition de sites et de personnel, la situation ne s’améliorera pas.

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Un départ peu avant 15h00

Dans un communiqué reçu cet après-midi, les associations annoncent avoir quitté les lieux. “Nous venons de quitter le 16 Rue de Loi. Le Premier est revenu une 2e fois à notre rencontre. Il nous a répété qu’il ne pouvait rencontrer nos demandes sans consulter ses partenaires de majorité. Nous avons répété notre totale insatisfaction et insisté sur la nécessité de cesser les effets d’annonce qui ne correspondent pas à la réalité et ne représentent en rien une solution de sortie de crise“, expliquent les associations qui précisent qu’elles ont pris la décision de partir “vu l’arrivée des forces de l’ordre en nombre“.

Notre dossier complet sur l’accueil des réfugiés à Bruxelles

■ Reportage de Jean-Christophe Pesesse, Nicolas Scheenaerts et Pierre Delmée.

Avec Belga – Photo : BX1