300 GW produits en mer du Nord d’ici 2050 : neuf pays européens affichent leurs ambitions
La mer du Nord va-t-elle devenir “la centrale électrique verte de l’Europe”, comme l’annonce le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) ? C’est l’ambition affichée par neuf dirigeants européens présents ce lundi à Ostende. Ce sommet de la Mer du Nord a permis l’annonce de nouvelles ambitions pour la production d’électricité aux abords de la côte belge.
Ces ambitions sont portées par le groupe d’Ejsberg, principalement composée des pays bordant cette mer du Nord. La Belgique, le Danemark, les Pays-Bas et l’Allemagne ont créé cette alliance en 2022 pour permettre la construction de gigantesques parcs éoliens aux abords de la Côte belge. Ces pays ont été rejoints lors due deuxième Sommet de la Mer du Nord, organisé ce lundi à Ostende, par la France, la Norvège, le Luxembourg, l’Irlande et le Royaume-Uni. Ils étaient quasiment tous représentés par leur chef d’État et par leur ministre de l’énergie. La présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen était également présente pour affirmer le soutien de l’Union européenne en ce projet international.
L’objectif annoncé est d’installer des éoliennes capables de produire 300 Gigawatts d’ici à 2050, avec un premier objectif intermédiaire de 120 GW produits dès 2030. Aujourd’hui, la production de ces éoliennes en Mer du Nord est annoncée à 30 GW.
L’ambition des dirigeants européens est donc doublée par rapport à 2022, et ce, en raison de l’arrivée de cinq nouveaux pays dans cette future coalition énergétique.
Cela ne se fera pas seulement avec le public : les pays présents veulent surtout créer un cadre propice aux investissements et un règlement qui ne se veut pas trop contraignant pour permettre le développement de ces parcs éoliens géants.
250 000 travailleurs nécessaires
De nombreux acteurs de l’industrie s’interrogent toutefois sur cette ambition et affirment qu’il existe aujourd’hui trop d’obstacles pour arriver aux objectifs annoncés. 105 entreprises européennes et 21 fédérations sectorielles, qu’il s’agisse de dragueurs, constructeurs de turbines ou ingénieurs, préviennent que les obstacles sont encore nombreux.
Parmi ces obstacles, ils notent notamment le recrutement de spécialistes : le secteur estime qu’il y aura 250 000 travailleurs nécessaires pour assurer l’ambition affichée d’ici à 2030, contre 80 000 travailleurs aujourd’hui.
Le secteur demande également une coordination entre les États pour des politiques plus claires et des propositions de subsides destinés à favoriser cette construction d’éoliennes.
600 millions d’euros au moins pour l’île “Princesse Elisabeth”
Mais quel est le budget estimé pour ce futur parc éolien ? On parle de plusieurs milliards d’euros d’investissements, mais il n’y a pas encore de budget clair.
On peut toutefois parler d’un exemple concret : l’île énergétique « Princesse Elisabeth », construite par la Belgique, va bientôt voir le jour dans la mer et proposera une capacité d’un peu plus de 3 GW. Mais le budget de 450 millions d’euros établi voici deux ans est déjà annoncé aujourd’hui à plus de 600 millions d’euros en raison de l’inflation.
Aussi, des retards sont déjà annoncés en raison des procédures autour des permis et des connexions avec les infrastructures terrestres. Le parc devrait voir le jour en 2030 et participer à cet effort du groupe d’Eijsberg.
Bref, il y a encore un long chemin pour que cette ambition se confirme dans les faits. Mais la volonté politique semble bien présente cette fois.
■ Les explications de Grégory Ienco dans Le 12h30.
Photo : Belga/Benoît Doppagne