Commémoration du 22-Mars: les proches “hallucinés” par une minute de silence “maladroite” à Brussels Airport

Première minute de silence de la journée: les proches des victimes parlent de “surréalisme” après un rassemblement “maladroit” et un bruit assourdissant, non sans rappeler les douloureuses minutes qui ont suivi les deux explosions du 22-Mars 2016.

A 07h58, il y a deux ans, deux bombes explosaient dans le hall des départs de l’aéroport international de Bruxelles situé à Zaventem. L’une près de l’accueil de Brussels Airlines, l’autre près de celui d’American Airlines, où de nombreux passagers enregistraient leurs bagages pour un vol à destination de New York, aux Etats-Unis.

Une heure et treize minutes plus tard, le métro de Maelbeek était le théâtre d’une nouvelle explosion. Les attentats du 22-Mars ont fait 32 morts et 340 blessés.

Jeudi matin, toutes les pensées vont aux familles et aux proches des victimes. Mais un reccueillement organisé à l’aéroport de Zaventem fait déjà du bruit. Les représentants politiques l’avaient assuré, “il n’y aura rien de protocolaire“, une minute de silence tournée vers les victimes du 22-Mars.

Etonnement général à 07h58: pas d’annonce, pas de prise de parole, pas de salutation, rien. Les proches regrettent un manque d’implication, et une mise à l’écart à la vue notamment de cordons de sécurité visant à éloigner les visiteurs.

Outre le manque d’organisation, un bruit assourdissant a percé le silence aux alentours de 08h00, durant cinq bonnes minutes. Une nuisance assomante, non sans rappeler les deux explosions survenues successivement à 07h58 le 22-Mars 2016.

“Aucune annonce, pas un mot, mais un bruit assourdissant”

Une cérémonie “maladroite“, voilà ce que retiendra Thomas Savary de ce 22 mars 2018. Venu commémorer la disparition de sa belle-mère, le jeune homme se dit “halluciné” de la façon dont les autorités belges ont organisé cette première minute de silence.

C’est assez étrange. C’est une cérémonie d’hommage, mais il n’y a eu aucune annonce pour faire une minute de silence, pour que l’aéroport s’arrête pendant au moins une minute, juste une minute dans l’année, pour penser aux victimes du 22 mars.

Thomas Savary est déçu devant “si peu de considération“. Aucune annonce, pas un mot, pas un signe de la part des représentants politiques. Juste un cordon noir, pour séparer les victimes des hommes politiques, “comme si nous devions être extérieur à tout ça, et pas inclu, alors que c’est une cérémonie pour nous”.

Le jeune homme se dit aussi heurté par l’indifférence du Premier Ministre Charles Michel: “Il pouvait nous saluer, au minimum. C’est un peu maladroit… comme la Belgique depuis le début dans l’aide aux victimes, elle est maladroite dans tout. Même lors d’une cérémonie d’hommage, un recueillement ne serait-ce que d’une minute. Même ça on ne sait pas le faire.

Après la cérémonie, le Premier Ministre a reçu les victimes et leurs proches à l’écart des caméras pour un moment d’échanges dans l’intimité.

“L’Etat belge n’a pas une politique centrée sur les victimes”

Pour Guillaume Denoix, Porte-parole de l’Association française des Victimes du Terrorisme, les maladresses de la cérémonie sont symptomatiques de la façon plus globale dont l’Etat belge se préoccupe des victimes depuis les attentats. “Nous sommes là pour arriver à faire bouger les lignes, faire bouger le gouvernement belge qui n’est vraiment pas à la hauteur, notamment en comparaison avec l’espagne, l’italie, la belgique, l’allemagne. C’est dommage que l’Etat belge n’ait pas une politique centrée sur les victimes“.

Enfin, le représentant français de l’association rejoint le sentiment de Thomas Savary à propos du déroulement de la cérémonie: “Les victimes étaient à l’écart de la cérémonie. (…) Le politique n’a eu aucun geste, aucun mouvement vers les victimes“.

Le personnel de secours de l’aéroport a tenu a faire une haie d’honneur en hommage aux victimes et en soutien à leurs proches, dans le hall des départs de Brussels Airport.

 

C.L – Crédit Photo M-N.D