Politique culturelle : les artistes se figent pour dénoncer l’immobilisme du gouvernement
Alors que le gouvernement a décidé mercredi d’enclencher la phase 4 du déconfinement, la vie reprend doucement son cours… Sauf pour les artistes, qui n’ont pas encore pu recommencer leurs activités, suspendues en raison des mesures prises pour freiner l’épidémie de coronavirus.
Pour dénoncer l’immobilisme des autorités et l’absence de soutien au secteur, ils se sont figés jeudi à 14h00 aux quatre coins du pays, a annoncé la Société des auteurs et autrices de spectacle vivant, fiction audiovisuelle, radio et web (SACD) et la Société civile des auteurs multimedia (Scam).
14h00, c’est l’heure précise à laquelle la session plénière à la Chambre doit commencer. Il y a une semaine, les parlementaires n’étaient pas parvenus à s’accorder sur une aide en faveur des travailleurs du secteur culturel, fortement touchés par la crise qui sévit déjà depuis plus de trois mois.
Le parti socialiste avait en effet déposé une proposition de loi, cosignée par Ecolo-Groen, pour notamment suspendre la diminution des allocations de chômage en cas de cumul avec des revenus tirés d’une activité artistique et assouplir l’accès au statut d’artiste. Cependant, quatre partis (N-VA, CD&V, Open Vld et Vlaams Belang) ont obtenu que le texte soit examiné par le Conseil d’Etat, sans demander l’urgence. Le nationaliste flamand N-VA Björn Anseeuw avait également introduit une motion d’ordre visant à demander aussi l’avis de la Cour des comptes, justifiant sa décision par “l’impact budgétaire considérable” de la proposition.
Artistes, techniciens et autres travailleurs de la culture se sont donc transformés jeudi en statues vivantes représentant leurs professions pour montrer que, si la culture est à l’arrêt, ils restent debout. L’action coordonnée avait lieu en même temps à Bruxelles, Charleroi, La Louvière, Liège, Mons, Namur, Tournai, Anvers, Gand et Louvain.
Pour la cinquantaine d’organisations du secteur culturel à la source de l’événement, outre la lenteur des décideurs, certaines propositions posent problème. Ainsi, l’extension du chômage temporaire aux travailleurs intermittents est “inapplicable vu les blocages administratifs” auxquels ceux-ci sont confrontés.
Face au tumulte provoqué par le report sine die de l’examen de la proposition de loi, celle-ci devrait être à nouveau soumise au vote le 9 juillet. Les avis du Conseil d’Etat et de la Cour des Comptes devraient en effet être disponibles pour la semaine du 6 juillet. (avec Belga)
- Reportage de Marine Guiet, Frédéric De Henau et David Ferral.