Rue de la Loi : l’impasse des petits pas (J+163)
Une impasse : depuis hier soir, ce mot est sur toutes les lèvres. Cinq mois de discussions diverses et varriées pour aboutir à une impasse. Le Parti Socialiste et la N-VA actent l’impossibilité de travailler ensemble. Le PS veut un gouvernement arc-en-ciel, estime la N-VA. La N-VA veut la scission du pays et refuse de prendre en compte des demandes sociales, rétorque le Parti Socialiste. En clair, ni les socialistes francophones, ni les nationalistes flamands n’ont envie de travailler les uns avec les autres. C’est un constat d’échec, un divorce, une séparation de commun désaccord.
L’impasse, c’est de constater que la voie suivie jusqu’à présent est une voie sans issue. Que nous nous retrouvons au pied du mur. Face à ce cul de sac, il n’y a que deux solutions, soit faire le mur, l’escalader pour passer outre ce qui nous parait infranchissable ; soit faire demi-tour et tenter de trouver un autre chemin. Sur le choix de ces deux stratégies que notre monde politique s’écharpe depuis 24 heures.
Poursuivre dans la même direction, franchir le mur, et obliger PS et N-VA à vraiment dialoguer, c’est la positon défendue par le Mouvement Réformateur, le CD&V et l’Open VLD. Pour sortir de l’impasse, il n’y aurait qu’un pas à faire. Un petit pas, estiment les libéraux, celui de la bonne volonté et de la négociation constructive. Un pas de géant, un pas infranchissable estiment la N-VA et le PS qui campent sur leurs positions. L’alternative serait donc de contourner l’impasse, de chercher un autre chemin. C’est la raison pour laquelle Geert Bourgeois et Rudy Demotte demandent à être déchargés de leur mission. La raison aussi pour laquelle le PS estime que c’est désormais à une personnalité flamande de reprendre le flambeau.
Cette histoire de petits pas ou de grands pas constituent le cœur du problème. Pour aboutir à un accord, il faut donc faire des pas les uns vers les autres. Pour la N-VA, c’est impossible de faire un pas vers la gauche alors que le Vlaams Belang est menaçant sur sa droite. Pour le PS, c’est impossible de faire un pas sur sa droite alors que le PTB cartonne sur sa gauche et qu’Ecolo serait en embuscade au fédéral. Restent donc l’Open VLD et le CD&V qui pourraient faire un pas vers les francophones s’ils ne craignaient pas que la N-VA et l’opinion publique flamande ne leur fassent payer très cher le pas de trop. Cette impossibilité à se mettre en mouvement qui nous condamne à imaginer le pire : une impasse impossible à dépasser. Une situation dont on ne pourrait sortir que par des élections, ou pire, par le constat que ce ne sont pas les partis politiques qui sont dans une impasse, mais la Belgique toute entière.
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