Rue de la Loi : Alec, les candidats d’ouverture et la politique… c’est l’amour

Alec Mansion entre en politique : il sera 5e sur la liste Destexhe pour le Parlement bruxellois. Alec Mansion, pour ceux qui l’auraient oublié : un chanteur compositeur, auteur du tube « c’est l’amour », fin des années 1980. Avec ces paroles mythiques : « qu’est-ce qui bouge le cul des Andalouses… Qu’est-ce qu’on trouve en cherchant sous ta blouse ?  ».

Qu’est-ce qui pousse donc les partis politiques à aller chercher de telles personnalités de la société civile ? De préférence des personnalités connues. Alec Mansion n’est pas le seul « people » à se présenter le 26 mai. Sur la même liste, en première position, figure Claude Moniquet, qui se présente comme expert en terrorisme et qui doit sa notoriété à de nombreux passages TV. Toujours au rayon télé, deux présentateurs de journaux télévisés de RTL-TVi ont rejoint la compétition électorale : Michel De Maegd pour le MR, Philippe Malherbe pour le cdH. Ce ne sont pas les premiers : Frédérique Ries, Florence Reuter, Olivier Maroy, Jean-Paul Procureur et Josy Dubié, par exemple, avaient suivi le même parcours qui fait passer de la petite lucarne à un siège parlementaire.

L’entrée en politique à la veille d’un scrutin n’est pas réservé qu’au seul personnel télévisé. Le 26 mai, le philosophe François De Smet sera tête de liste à la Chambre pour Défi, Delphine Chabbert, la porte-parole de la Ligue des Familles, sera en 4e position de la liste socialiste à la Région, Olivier de Schutter, qui fut rapporteur pour le droit à l’alimentation aux Nations Unies, sera 3e de la liste européenne pour Ecolo. Et il y a encore d’autres exemples.

À chaque élection, elle revient l’hirondelle des faubourgs, les partis politiques prennent bien soin d’exposer des nouveaux visages, sur la plage un nouvel arrivage, essentiellement pour capter la notoriété et le capital sympathie de ces candidats. Avec un succès certain. Frédérique Ries, par exemple, lorsqu’elle se présente en 1999 (au Parlement européen pour le MR) obtient 156 000 voix de préférence sur l’ensemble de la communauté française, score exceptionnel, incontestablement lié à son exposition médiatique puisque quelques mois plus tôt, 700 000 belges la regardent tous les soirs à l’heure du dîner. Si on regarde les scores au seul parlement bruxellois, circonscription plus modeste, Francis Delpérée, qui est constitutionnaliste et se présente pour la première fois en 2004, dépasse les  10 000 voix de préférence. Cinq ans plus tard, Jean-Claude Defossé (encore un journaliste télé) en obtient 6800. Ce n’est pas le super jackpot, en tout cas pas au point de dépasser les têtes de liste, mais ce sont des résultats nettement supérieurs à la moyenne des autres candidats.

Des attrape-voix ?

Est-ce que ces candidats sont uniquement choisis pour leur notoriété, au risque d’être décevants quand il seront parlementaires, avec le risque même qu’ils quittent leur mandat en cours de route, dis par où c’est la sortie de secours ? Il ne faut pas mettre tous ces candidats dans le même sac, toi et moi dans le même bermuda. En allant chercher Olivier De Schutter spécialiste en alimentation, Delphine Chabbert qui parle et agit au nom des familles, François De Smet qui est un spécialiste de la migration ou même Claude Moniquet qui se fait connaitre sur les questions de sécurité, les partis politiques s’attachent aussi une compétence. Ils renforcent leur image dans un domaine précis. En s’associant le concours de Delphine Chabbert, le PS devient donc plus crédible et audible auprès des familles, et peut espérer ramener au bercail des électeurs égarés. En obtenant la candidature des journalistes Anouck Van Gestel (poursuivie en justice pour avoir aidé des réfugiée) ou Henri Goldman (rédacteur en chef de la revue Politique), Ecolo se renforce dans l’électorat associatif militant, ajoutez Maroun Labaki du Soir c’est je prends l’entrée et le le plat du jour, tandis que Claude Moniquet caresse un électorat droitier dans le sens du poil et que le MR compte sur Michel De Maegd pour reverdir un peu son image, façon Nicolas Hulot. Évidemment, plus la compétence technique du candidat est connue et reconnue du grand public, plus cette opération est réussie en terme de renforcement d’image. Pour un chanteur pop, à moins d’instaurer des débats de commission en mode karaoké au parlement régional, on voit moins l’utilité, mais il a surement d’autres qualités.

On ajoutera un dernier élément : un candidat qui vient de la société civile sera perçu un élément de fraicheur. Une occasion de sortir des discours formatés, genre qu’est ce qui pousse dans les champs de pamplemousses ? Et surtout, c’est une formidable occasion de rappeler que tout un chacun pourrait un jour être candidat, que la politique ne concerne pas que les professionnels de la politique. Mais tout le monde. Et ça, c’est l’amour, mour, mour, mour.

Retrouvez l’édito de Fabrice Grosfilley dans Rue de la Loi, du lundi au vendredi vers 17h00 sur BX1.be et les réseaux sociaux de BX1.