Chère énergie, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce mardi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito l’augmentation du prix de l’énergie et les conséquences de la guerre sur celle-ci.
Électricité, gaz, pétrole. La Russie d’un côté, le portefeuille des consommateurs européens de l’autre. La question de l’énergie est une guerre dans la guerre. Une arme de guerre, ça fait toujours des dégâts.
Aujourd’hui, Joe Biden va donc franchir une étape supplémentaire en annonçant que les États-Unis vont, à l’avenir, interdire les importations de pétrole russe. Un geste fort, un geste de guerre économique aussi. La Russie est le premier exportateur de gaz au monde. La vente d’hydrocarbures (gaz et pétrole) représente plus du tiers du budget de la fédération de Russie. Ne plus l’acheter, c’est ainsi mettre Poutine en difficulté. Mais l’arme est à double tranchant. Les Européens, à la différence des Américains, ont besoin de ces hydrocarbures. S’ils ferment le robinet russe, les Européens se mettront eux-mêmes en difficulté. Et ça, Vladimir Poutine le sait très bien.
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Si vous avez regardé dans notre émission d’hier le débat entre les économistes Bruno Colmant et Philippe Ledent, vous aurez compris que l’heure est grave. Les prix de l’énergie ne vont pas redescendre. “On ne mesure pas encore l’importance du choc que nous allons devoir encaisser dans les prochains mois“, nous disaient ces deux économistes. Pour notre gouvernement, cela signifie deux choses. La première, c’est qu’il va falloir se préparer à se passer de cette énergie qui est devenue hors de prix, au sens premier du terme. La seconde, c’est qu’il va falloir aider les consommateurs belges à passer le cap. Parce que pour beaucoup d’entre nous, l’énergie va devenir impayable et qu’on ne veut évidemment pas vivre dans un pays où l’on va devoir choisir entre se nourrir et se chauffer.
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Le gouvernement fédéral n’a pas le choix. D’une manière générale, les gouvernements de l’Union européenne n’ont pas le choix. Ils vont devoir aider le consommateur. Parce qu’un litre d’essence ou de diesel à 2 €, c’est compliqué si on a besoin de son véhicule pour travailler. Parce que le prix du gaz, qui a de nouveau pris 30 % aujourd’hui, va amener un certain nombre de ménages à ne pas pouvoir honorer leur facture. Sur le long terme, ils vont également devoir accélérer la transition énergétique. Trouver des alternatives au gaz russe pour l’an prochain, très bien. Se mettre à dépendre ensuite du Qatar, de l’Iran ou de l’Arabie Saoudite n’est pas une solution. Il faudra apprendre à faire des économies d’énergie. Pas par choix, mais par nécessité. Et constater par ailleurs que l’intervention de la puissance publique, celle qui nous a aidé pour traverser la crise du Covid à coups de subventions, de droit passerelle ou de chômage économique, dans les mois qui viennent, va à nouveau être indispensable.
■Un édito de Fabrice Grosfilley