Mobilité : en un an, le nombre de trottinettes et de vélos partagés à Bruxelles a fortement diminué

Trottinettes électriques partagées Dott - Belga Eric Lalmand

Depuis près d’un an, les trottinettes et vélos partagés en libre service sont de moins en moins nombreuses sur les routes bruxelloises : alors qu’on comptait près de 4800 trottinettes dans la capitale en juillet 2019, il y en a désormais moins de 3000 selon le dernier rapport de Bruxelles Mobilité.

En juillet 2019, l’opérateur Wind annonçait l’arrivée de ses trottinettes en Région bruxelloise, devenant ainsi le sixième opérateur de ce type de véhicules partagés en libre service dans la capitale. En tout, Bruxelles Mobilité comptait durant l’été 2019 près de 4800 trottinettes électriques partagées sur le territoire, ajoutant que près de 7000 trottinettes pourraient être actives d’ici 2020, selon des prévisions de l’agence régionale. En outre, plus de 1300 vélos électriques en libre service étaient annoncés dans les rues bruxelloises en juillet 2019.

Selon les derniers chiffres répertoriés par Bruxelles Mobilité, en juin 2020, les opérateurs privés de mobilité partagée n’ont plus franchement la cote à Bruxelles. On compte actuellement un peu plus de 2600 trottinettes partagées, via deux opérateurs (Dott et Lime), et seulement 600 vélos électriques partagés, tous de la marque Billy. Alors que Villo compte toujours près de 5000 vélos partagés sur le territoire régional, dont un tiers de la flotte est électrique.

Masse critique et fiabilité

Comment expliquer une telle diminution de la flotte de véhicules partagés en seulement un an ? Le nombre d’opérateurs de mobilité partagée était pour rappel très important, et plusieurs compagnies ont depuis lors cessé leurs activités dans certaines villes par l’impossibilité d’obtenir une masse critique d’utilisateurs nécessaire à leur survie économique. L’entreprise Jump, adossée à Uber, a pour sa part vu toute sa flotte européenne rachetée par l’opérateur de trottinettes Lime, qui va se concentrer désormais sur la mise à disposition de trottinettes des deux fournisseurs. Actuellement, Lime compte 280 trottinettes mais il n’est pas encore prévu que le service Jump revienne à Bruxelles, nous précise-t-on du côté du service communication de Jump. “Lime devrait bientôt partager plus de détails sur ces projets d’opérer le service dans la ville”, ajoute-t-il.

Plusieurs entreprises ont également dû faire face à des coûts importants de réparations. En effet, un véhicule de mobilité partagée en libre service a une durée de vie moyenne de 40 jours, selon une étude du cabinet McKinsey, qui estime pourtant que le seuil de rentabilité d’une trottinette électrique partagée est seulement atteint au bout de 114 jours d’utilisation, à raison de cinq trajets par jour. La gestion des flottes est donc importante et nécessite une logistique importante que certains opérateurs n’ont pu supporter, comme ce fut le cas lors de la première vague des entreprises de vélos en libre service en 2017.

Les communes bruxelloises et la Région ont également décidé de régulariser ces outils de mobilité en mettant en place des places de stationnement destinées à ces véhicules, ou en dressant des amendes aux opérateurs qui ne respecteraient pas l’espace public. Sans oublier le fait que bon nombre d’opérateurs ne proposaient pas de couverture sur l’ensemble du territoire bruxellois, contraignant les utilisateurs à des amendes en cas de stationnement dans une commune non couverte.

Enfin, le confinement a eu un grand impact sur les opérateurs : il ne reste désormais plus que Dott, Lime et Billy Bikes comme opérateurs de mobilité douce partagée dans la capitale. Certains opérateurs, qui ont retiré leurs appareils face au confinement, pourraient toutefois remettre leur flotte dans les rues bruxelloises après le déconfinement.

Grégory Ienco – Photo : illustration Belga/Eric Lalmand