Fabrice Cumps sur les manifestations suite au décès d’Adil à Anderlecht : “Nous avions accepté un moment de recueillement”

Le week-end a été particulièrement intense sur le territoire anderlechtois, où des manifestations non-autorisées ont eu lieu ce samedi après-midi suite au décès d’Adil, un jeune de 19 ans décédé après avoir percuté une voiture de police, vendredi soir.

Selon les premières informations rapportées par le parquet de Bruxelles, le jeune homme en scooter était pris en chasse avec un autre conducteur de scooter, par une voiture de police sur le quai de l’Industrie à Anderlecht. Une autre patrouille est arrivée en sens inverse, et le scooter a percuté le véhicule de police après avoir dépassé une camionnette.

156 arrestations

Suite à cet événement, des manifestations non-autorisées ont eu lieu à Anderlecht, samedi après-midi. La police est intervenue, ce qui a mené à près de 100 arrestations sur l’ensemble de la journée. “Nous connaissons depuis samedi soir un retour au calme. Mais il y a toujours des messages qui circulent sur les réseaux sociaux, et nous restons donc en vigilance renforcée”, explique ce mardi Fabrice Cumps (PS), bourgmestre d’Anderlecht. 156 arrestations, dont 25 arrestations judiciaires, ont été enregistrées entre samedi et lundi, précise-t-il. “Il y avait des violences à l’égard des policiers. Il y a eu des jets de pavés, des dégradations sur quatre véhicules de police, même des jets de cocktail Molotov”. Il insiste également sur le fait qu’il y avait une moitié d’Anderlechtois parmi les manifestants, et que les autres venaient en grande partie de la Région bruxelloise, et certains d’autres communes, comme Manage ou Anvers notamment.

Concernant le décès d’Adil, le bourgmestre explique avoir rencontré sa famille dès samedi midi. “J’ai fait la promesse que l’enquête soit la plus impartiale possible et menée en toute indépendance”, dit Fabrice Cumps. “Je peux comprendre que l’entourage, les voisins, les amis soient choqués par ce décès. Je comprends l’émotion. (…) C’est pour cela que dès samedi midi, nous avons accepté un moment de recueillement, puis nous avons vu que ce rassemblement menait à des violences et nous avons alors activé les forces de l’ordre”, explique-t-il.

Lire aussi : Décès d’Adil à Anderlecht : un juge d’instruction requis pour homicide involontaire

“Pas le moment de jeter de l’huile sur le feu”

Le bourgmestre socialiste a également réagi aux propos du secrétaire d’État bruxellois Pascal Smet (sp.a) sur ces manifestations et la réaction de la police : “Je pense que le moment est particulièrement mal choisi. On n’est pas sorti de la période de tension. Ce n’est pas le moment de jeter de l’huile sur le feu”, dit-il. “On fait une erreur en parlant de LA police. Il y a une police de proximité, qui est proche des habitants, des policiers qui connaissent les jeunes et le public des quartiers. Et il y a aussi une police d’intervention, qui a une moins fine connaissance des quartiers. Il faut pouvoir distinguer les deux axes d’action. On doit réussir dans le futur une plus grande proximité”.

Fabrice Cumps estime encore que la relation est “bonne” entre la police de proximité et les jeunes de quartier. “On va devoir retisser ces liens désormais”, explique-t-il, ajoutant que le travail des éducateurs de rue sera également important.

“Une mise à plat des politiques censées revitaliser Cureghem”

Le MR, actuellement dans l’opposition à Anderlecht, s’indigne pour sa part des violences à l’encontre des forces de l’ordre et des services de secours lors des manifestations de ce samedi. Une fois le calme durablement rétabli, il sera l’heure de dresser le bilan des politiques de rénovation urbaine et des politiques de cohésion sociale mises en place depuis un quart de siècle”, estime par voie de communiqué Gaëtan Van Goidsenhoven (MR), conseiller communal, sénateur et député bruxellois. “Pour éviter que l’histoire ne se répète, dramatiquement et interminablement, nous appelons à une mise à plat de l’ensemble des politiques censées revitaliser le quartier de Cureghem ces 25 dernières années. L’heure de la lucidité est venue : l’ensemble des responsables publics doivent reconnaître les insuffisances des politiques menées et assumer leur volonté de construire un nouveau destin pour Cureghem“, lance-t-il.

■ Interview réalisée par Fabrice Grosfilley dans Toujours + d’Actu.