Chantier du Métro 3 : le Conseil d’Etat suspend le permis pour la démolition-reconstruction du Palais du Midi

Pour l’encombrant chantier du métro 3 et son fameux tunnel qui doit passer sous l’emblématique Palais du Midi, en plein cœur de la capitale, c’est un nouveau coup d’arrêt: le Conseil d’Etat a suivi jeudi les arguments de l’ARAU et d’Inter-Environnement Bruxelles (IEB), et rendu deux arrêts qui mettent sur pause toute perspective de désossage du Palais.

Un premier arrêt du Conseil d’Etat ordonne la suspension de l’exécution du permis d’urbanisme pour la déconstruction- reconstruction de l’intérieur du Palais du Midi, permis octroyé à la STIB en août dernier par la Région bruxelloise.
Un autre arrêt, rendu le même jour, cette fois sur recours de l’ARAU seul, suspend quant à lui la décision du service public régional bruxellois de ne pas examiner une demande de classement du Palais du Midi, demande jugée irrecevable.
Les deux arrêts, qui suspendent deux décisions importantes de la Région en rapport avec le Métro 3, sont pris en référé. Le Conseil d’Etat devra encore, dans les deux cas, se prononcer sur l’annulation définitive des décisions contestées par les ASBL. Celles-ci veulent profiter de la suspension du permis pour redonner vie au Palais du Midi et rouvrir la partie nord du Palais du Midi aux clubs sportifs.

Les sols instables sous le Palais du Midi

Les différents acteurs du chantier d’un nouveau métro traversant la capitale du nord au sud, après un premier permis remontant à 2019, ont été forcés de revoir leur copie quand il a été constaté que les sols sous le Palais du Midi étaient instables. Un nouveau tunnel, maillon essentiel du projet, doit y passer en diagonale. Pour effectuer le chantier malgré tout, il a été décidé d’opter pour une autre technique avec laquelle on construirait le tunnel “par le haut”, donc via l’intérieur du Palais du Midi, qui serait en quelque sorte “vidé” puis reconstruit à l’intérieur des mêmes façades.

Classer le Palais

Cette nouvelle technique nécessitait cependant un nouveau permis. La Région a instauré dans ce but, en 2023, une sorte de procédure accélérée. Mais elle reconnaissait en parallèle qu’elle ne devrait délivrer un tel permis pour la démolition de l’intérieur du Palais qu’après s’être prononcée sur la valeur patrimoniale du bâtiment. Concrètement, on attendait donc qu’elle tranche en premier lieu une demande de classer le Palais.
L’ARAU, opposé au chantier, avait introduit une telle demande de classement en 2023, puis une deuxième et une troisième en août 2025. La direction du patrimoine culturel, au sein du service public régional bruxellois, a sans délai déclaré ces deux dernières demandes irrecevables, notant qu’elles avaient le même objet que celle de 2023, qui n’avait pas encore été tranchée par le gouvernement. Le lendemain de cette réponse, le permis était délivré à la Stib.
L’ARAU a attaqué aussi bien la déclaration d’irrecevabilité de sa dernière demande de classement que l’octroi du permis survenu dans la foulée. Pour ce second recours, l’ASBL est soutenue par IEB et le Bral, autres associations qui contestent le bienfondé du chantier.

Le Conseil d’Etat reconnaît l’urgence

Au sujet de l’irrecevabilité de la demande de classement, l’ARAU met entre autres en doute la compétence de la personne qui s’est prononcée, ainsi que la légalité de la justification. Une grande partie du débat peut être résumé en cette question: y avait-il ou non une demande de classement valide et pendante au moment de la délivrance du permis, le 21 août 2025? Pour la Stib et pour la Région, la réponse est “non”. Selon la défense (le gouvernement), la première demande était encore ouverte le 20 août, ce qui justifiait l’irrecevabilité des suivantes… mais le délai avait expiré le 21, ne faisant donc plus obstacle à l’octroi du permis ce jour-là.
La décision du Conseil d’Etat de suspendre la décision du 20 août (constatant l’irrecevabilité de la dernière demande de classement) entraine par ricochet la suspension du permis survenu le lendemain. Dans les deux cas, le Conseil d’Etat a reconnu l’urgence.

Une perte d’1,5 milliard d’euros ?

Ce jeudi, Carlos Van Hove, directeur du programme métro Nord-Albert de la STIB, a déclaré qu’un enterrement définitif et intégral du projet de métro 3 se traduira par la perte d’1,5 milliard d’euros investis dans le passé dans le prémétro, sans compter les plus de 400 millions d’euros investis depuis 2020.
Belga – Photo : Belga
  • Un reportage de Gilles Joinau – Camille Pier – Pierre Delmée

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