Formation bruxelloise : les Engagés lâchent le MR à Bruxelles, Yvan Verougstraete se lance comme formateur
Le président des Engagés, annonce ce jeudi qu’il devient formateur pour tenter de constituer un gouvernement bruxellois sans le MR, pourtant vainqueur des élections de juin 2024. Il était l’invité de Bonjour Bruxelles.
C’est un réel changement de direction que prennent les Engagés, en avançant sans leur partenaire de majorité au Fédéral et en Wallonie, le MR. Pour Yvan Verougstraete : “Tenter 100 fois la même chose et espérer obtenir un résultat différent, c’est une folie et c’est une folie que Bruxelles ne peut plus se permettre”. Il rajoute cependant que réunir le PS et le MR dans une majorité aurait été sa voie privilégiée.
Le formateur propose donc une coalition de centre gauche avec les sept partis suivants : PS, Ecolo, DéFI et les Engagés côté francophone et Groen, Vooruit et CD&V côté néerlandophone. “Il est plus que temps d’essayer de construire quelque chose de positif pour notre capitale”, confie-t-il.
Ensemble, ils atteignent 43 sièges sur 89, insuffisant pour une majorité. Le formateur espère convaincre l’Open Vld et deux indépendants, malgré le refus répété de Frédéric De Gucht de gouverner sans la N-VA. Sur l’option d’un éventuel refus des libéraux flamands, le président des Engagés préfère rester optimiste. “Moi ce que je veux, c’est avancer. On peut voir les choses de manière positive et se dire qu’on terminera avec le vote des 89 députés. J’espère que chacun des députés se rappelle qu’il est élu pour trouver des solutions. J’espère que tout le monde s’engagera derrière un projet”, affirme-t-il.
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Dans une lettre aux Bruxellois, il affirme que le temps n’est plus aux jeux politiques et qu’il faut avancer pour l’avenir de la Région, avec un objectif de réduction du déficit d’au moins un milliard d’euros et sans bloquer le fédéral. “Ce n’est pas un caprice les 1 milliard, c’est une nécessité si on veut continuer à financer des projets ou les associations”.
Des réunions avec les différents partis sont prévues ce week-end en bilatérales, puis des réunions thématiques la semaine prochaine.
“Groen sera un partenaire constructif”
Groen, par la voix de sa négociatrice Elke Van den Brandt, réagit : “Nous sommes satisfaits de voir Yvan Verougstraete prendre une initiative nécessaire au moment opportun. Nous serons évidemment un partenaire constructif pour atteindre un accord pour les Bruxellois et leur Région”. Elle rappelle que côté néerlandophone, l’objectif est de former une majorité avec l’Open Vld, Vooruit et le CD&V.
Si Yvan Verougstraete en appelle à la responsabilité des hommes et femmes élues par les Bruxellois en juin 2024, un accord d’ici la fin de l’année semble peu faisable selon lui. “L’objectif, c’est début janvier d’entrer en conclave. Il faut être réaliste, on ne va pas faire un accord à la va-vite, mais un accord qui va tenir et qui est suffisamment ambitieux”, conclut-il.
Vers une rupture MR-Les Engagés?
Le président du MR, Georges-Louis Bouchez a réagi à cette annonce dans De Standaard. “Cela va laisser des traces. Je l’ai déjà dit aux dirigeants du gouvernement wallon, ainsi qu’à Yvan Verougstraete lui-même : on ne peut pas simplement écarter le vainqueur des élections. On ne sauvera pas Bruxelles en rassemblant à nouveau toutes les partis qui l’ont conduite à la faillite.”
Il rajoute : “Qu’on m’insulte personnellement, passe encore. Mais je ne peux pas accepter qu’on insulte, voire qu’on humilie mon parti de cette manière. Et tout cela simplement parce que certaines personnes refusent de respecter le résultat des élections.”
Georges-Louis Bouchez dit s’être associé en 2024 aux Engagés avec l’option de gouverner avec eux la Wallonie pendant dix ans. “Il y a beaucoup de dossiers où j’ai été loyal envers mon partenaire, mais maintenant on va fonctionner en free-lance. Je ne me sens plus lié”, avertit encore le président du MR.
“Je n’apprécierais pas que ma femme aille coucher dans le lit d’un autre certains soirs. Quand on vit avec quelqu’un, c’est une règle de base. On dort ensemble, quoi qu’il arrive”.
De son côté Yvan Verougstraete se défend : “J’ai expliqué à Georges-Louis Bouchez que ma décision ce n’était pas une volonté d’exclure le MR, ni une volonté d’humilier le MR, mais pour Bruxelles et face à un constat de la réalité. “
“J’y vois surtout la volonté de sortir du blocage qui a trop duré”
Sur les réseaux sociaux, Zakia Khattabi salue l’initiative des Engagés comme une tentative courageuse de sortir du blocage politique bruxellois après 18 mois. Elle critique les accusations de “trahison” du MR, rappelant que la démocratie parlementaire permet de configurations inédites et que la majorité se définit par le nombre de députés capables de s’entendre.
■ Interview du président des Engagés, Yvan Verougstraete au micro de Fabrice Grosfilley





