Les personnes transgenres et non binaires fortement discriminées en Belgique

Elles s’estiment également en moins bonne santé que la population générale.

Les personnes transgenres et non binaires font face à de nombreuses discriminations en raison de leur identité de genre, s’alarme l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (IEFH), dans une nouvelle étude parue jeudi.

A l’occasion de la Journée internationale du souvenir trans, l’IEFH publie sa troisième étude sur la situation des personnes transgenres en Belgique, la dernière remontant à 2017. Au total, 975 personnes ont répondu à l’enquête, soit “l’échantillon le plus large” jamais constitué pour cette enquête. Pour la première fois, 38,8% s’identifient comme non binaires, ce qui en fait la sous-catégorie la plus importante de la recherche.

Plus de huit répondants et répondantes sur dix déclarent avoir été victimes de discrimination au cours de ces deux dernières années, notamment en ligne (51,4%), dans les soins de santé (39,4%) et lors de la recherche d’un emploi (36,6%). Seuls 55% s’estiment en bonne ou très bonne santé, contre 77% dans la population générale.
Plus d’un tiers témoignent de discriminations à l’école ou à l’université (35,3%), au travail (34,3%) ou lors de contacts avec des fonctionnaires ou le service public (33,7%).

Concernant les soins de santé, les discriminations les plus citées sont le fait d’être mégenré (c’est-à-dire être désigné par un genre auquel on ne s’identifie pas, 56%), la curiosité déplacée (30%) et des problèmes avec l’administration (24%). Moins bonne qualité de soins (18,1%), accès difficile aux soins (16,5%), critiques sur l’apparence, le comportement ou les opinions (15,5%), hospitalisation dans le mauvais service (15,4%) et atteinte à la vie privée (14,9%) sont aussi fréquemment dénoncés.

Les répondants et répondantes de la région de Bruxelles-Capitale témoignent de davantage de difficultés à accéder aux soins de santé (25,6%, contre 18,3% en région wallonne, 12,8% en région flamande). Ils et elles sont aussi plus souvent mégenrés (70%, contre 52,8% en région wallonne et 51,5% en Flandre).
Être en situation de handicap, en situation de stress économique, appartenir à une minorité ethnique ou culturelle, ou encore avoir effectué des démarches médicales liées au genre, entravent encore un peu plus l’accès aux soins de santé.

En outre, 13% des personnes dont l’enregistrement de genre/sexe a été adapté ont rencontré des problèmes aux cours des deux dernières années pour accéder aux soins de santé. C’est davantage le cas pour les personnes non binaires (36,8%) que pour les hommes et femmes transgenres (respectivement 13,8% et 8,2%). Une personne témoigne ainsi dans l’enquête que “le système ne permettait pas le remboursement d’un stérilet en raison de mon enregistrement de sexe officiel. L’accès aux soins gynécologiques est également plus difficile”.
Les répondants et répondantes rapportent également des obstacles dans l’accès aux soins transspécifiques, notamment des délais d’attente trop longs, des coûts importants et la crainte de réactions négatives. Ici aussi, les personnes font état de mégenrage (33,6%), de problèmes avec l’administration (22%) ou encore de curiosité déplacée (20%).

Face à ces discriminations, plus d’un tiers des sondés (39,2%) ont évité d’exprimer leur identité de genre par crainte de se faire agresser, menacer ou harceler. Une proportion encore plus significative (41,5%) évite certains endroits ou lieux, par peur d’agressions, de menaces ou de harcèlement. Les hommes transgenres sont les moins nombreux (24%) à adopter ces comportements d’évitement tandis que les personnes questionnant leur identité de genre (70,8%) sont les plus nombreuses à opter pour cette stratégie.
Seules 8,6% des personnes ayant rapporté au moins une expérience négative ont déjà déposé plainte pour acte discriminatoire. La plupart des plaintes ont été déposées auprès de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (39%) et/ou auprès des ressources humaines, une personne de confiance ou un conseiller ou conseillère en prévention (33,9%).
Parmi les personnes n’ayant pas déposé de plainte, 61,8% expliquent ne pas avoir trouvé l’incident suffisamment grave, 36% voulaient oublier l’incident, 33% considéraient que cela requerrait trop de temps et d’efforts, et 30,7% craignaient de ne pas être prises au sérieux.
“Cette étude met en lumière des réalités préoccupantes (…) (et) ces résultats soulignent la nécessité d’agir pour garantir l’égalité des droits et l’accès à des soins adaptés”, commente le directeur de l’IEFH, Michel Pasteel, cité dans un communiqué.

Belga

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